Par Mohamed al-Sghaier Ouled Ahmed
2012 - 08
Né en 1955 à Sidi Bouzid, le poète tunisien Mohamed al-Sghaier Ouled Ahmed travaille d’abord comme animateur culturel puis connaît le chômage de 1987 à 1991. Dans les années 90 à Paris, il rêve de créer une maison de la poésie en Tunisie et ne cessera de travailler depuis pour la réalisation de ce projet. En 1992, il refuse une décoration nationale d’art et de culture. En 1993, sa constante détermination est récompensée par l’inauguration à Tunis de la Maison de la poésie. Marquée par les années noires de la Tunisie, sa poésie dit le désenchantement, les peines et l’esprit de liberté et de révolte de toute une génération.
Aux frères indicateurs
L’indicateur n’a pas maintenant à être dans mon ombre
Et lapider les oiseaux sur ma lèvre
Car je suis le roi de la nuit
Et je n’ai point de secret...
Sauf mon visage
Et mon encre qui coule sur le nombril de la capitale
Et que cela soit?:
Je passerai seul la journée
Un sein me troublera soudain
Je saluerai le drapeau?!
Un enfant m’interrogera sur les frontières du pays
Je l’interrogerai sur les confins de la langue
Et advienne que pourra
Seulement...
L’indicateur n’a pas maintenant à être dans mon ombre
Et tuer les oiseaux sur ma lèvre
Car je suis le roi de la nuit
J’ai pitié de tous les indicateurs
Et suis dur pour une lèvre froide.
Papier
Je suis guéri de la poésie
Je n’ai plus mal
Hormis ma crainte pour une nation inquiète
Mais une chose simple me trouble?:
Le vers de poésie est dans la potence
Je suis allé à maintes reprises à la tombe
Mais ils m’ont chassé...
Et seul le papier m’a supporté.
Je n’ai pas de problème
Je n’ai pas de problème
Tout chat que je vois seul errant
Je l’embrasse
Tu es mon fils le grand
Et m’en retourne
À ma solitude
Jamais
Je n’ai de problème
Après dix bouteilles vertes
Dont je ferai les bases de ma cité parfaite
Et nommerai mon commensal à sa tête
Puis ma poésie dictera sa loi
Je ramènerai les soldats à leur devoir sentimental
Et m’en irai
À mon verre oublié
Je n’ai pas de problème
Quand je serai mort
Seuls auront marché derrière moi ma plume
Mes chaussures
Et le rêve des bourreaux
(…)
Je n’ai pas de problème
Quand les fleurs irritent mes poches
Je les dessine avec la plume
Et le drapeau
Et quand ce drapeau dénude mes fils
Je le déchire étoile par étoile
Tandis que je recouds leur nudité
Tandis que j’embrasse la terre sans nommer Dieu
Je n’ai pas de problème
Je n’ai pas de problème.
Traduit de l’arabe par Tahar Bekri