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2020-04 / NUMÉRO 166   RÉAGISSEZ / ÉCRIVEZ-NOUS
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Festival
Lire et écrire sous les arbres
C’est le 21 juin qu’a été donné, au bois des Pins, le coup d’envoi du Festival culturel des espaces publics. Organisé par l’association Assabil avec la municipalité de Beyrouth et en association avec la région Île-de-France, les activités qui le composent s’étalent sur plusieurs mois et s’achèveront en novembre 2011 avec une participation multiforme au Salon du livre.

Par Georgia Makhlouf
2011 - 09
Encore un festival, penseront certains, pour emboîter le pas à ceux qui se déroulent déjà dans d’autres villes du Liban dès que les beaux jours pointent à l’horizon. Mais ce festival-là n’est pas un festival comme les autres. Sa spécificité, c’est tout d’abord de proposer des activités culturelles gratuites dans les espaces publics et les jardins de Beyrouth, et plus particulièrement dans le bois des Pins, le fameux « horch » que les Beyrouthins avaient fini par oublier et que nombre d’entre eux ont redécouvert avec émotion et émerveillement à l’occasion des nombreuses activités qui s’y sont déroulées. Micha Wardé, qui a présidé aux destinées d’Assabil et qui a suivi toutes les étapes de l’élaboration du projet, souligne à quel point la notion de lieu public, de bien public est essentielle dans l’apprentissage de la citoyenneté. « À travers les livres qu’ils empruntent dans nos bibliothèques, les enfants apprivoisent cette notion, si souvent nouvelle pour eux, d’un objet qui est à la fois à soi et à l’autre, d’un bien partagé et précieux. Là, cette notion s’étend à celle d’un espace, le jardin public, où chacun a tout à la fois le droit de se promener et de jouer, mais aussi le devoir de préserver et de protéger les arbres et les plantes. » Elle raconte l’émotion des différents publics venus participer à ces belles soirées de juin, quand ils découvrent le bois des Pins, et leur plaisir de participer à toutes les activités proposées, spectacles, expositions, ateliers de lecture, d’écriture ou d’art plastique etc.

Le choix du bois des Pins comme cadre pour le festival s’inscrit dans une double continuité. Celle de l’action de la région Île-de-France aux côtés de la municipalité de Beyrouth qui a pour objet d’accompagner de nombreux projets de développement urbain, dont celui de la réhabilitation du bois. Et celle, parallèle, qui œuvre pour promouvoir la lecture publique.

« L’association Assabil, partenaire historique de la région au Liban, agit comme le relais technique de l’institution municipale pour le développement, la gestion et l’animation du réseau des bibliothèques publiques de la capitale libanaise », souligne Éric Bouvard, représentant au Liban de la région Île-de-France. « Notre dispositif global “Lire et écrire dans les espaces publics” s’inscrit donc dans la continuité de la politique de coopération culturelle de la région, mais également dans un contexte plus général d’appui à la francophonie, marqué par le pacte linguistique signé lors du sommet de Montreux par le président libanais Michel Sleiman et le secrétaire général de la Francophonie Abdou Diouf. Il convient donc de rappeler que depuis 2000, trois bibliothèques municipales ont été créées à Beyrouth (sur 12 au total projetées) ainsi que deux bibliothèques mobiles dites “Kotobus”. Elles ont reçu près de 200 000 visiteurs depuis leur ouverture et plus de 20 000 élèves lors de visites scolaires. La région a financé non seulement les études architecturales de ces espaces, mais également le développement des fonds documentaires et la formation des bibliothécaires. »

Un autre volet de ce projet est celui des « Résidences d’écriture croisées ». Il s’agit ici de favoriser les échanges culturels entre l’Île-de-France et le Liban, d’accroître le rayonnement d’artistes franciliens et libanais à l’international, et de créer des conditions favorables à la créativité et à la mise en place de projets d’écriture pour les écrivains sélectionnés. « Le principe est simple, explique Lina Tannir, l’actuelle présidente d’Assabil. Deux auteurs de la région Île-de-France vont être accueillis par nous-mêmes et notre partenaire dans ce projet, l’association Kitabat (qui œuvre pour le développement des ateliers d’écriture au Liban) entre septembre et décembre 2011. Durant la même période, deux auteurs libanais seront en résidence au Tarmac de la Villette et au Théâtre du Rond-Point où ils développeront un projet d’écriture. » Ces « croisements » pourront être porteurs de réalisations originales : échanges à plus long terme entre les institutions partenaires, écrits à quatre mains, publications papier ou numérique, etc.

Lina Tannir précise enfin que nombre d’activités prévues par le projet se déroulent non seulement à Beyrouth, mais également à Tripoli, Tyr, Saïda et Jbeil : ateliers d’écriture pour enfants et adultes, ateliers de photographie en collaboration avec la Fondation arabe pour l’image, itinéraires culturels autour des bibliothèques du réseau…

À plus long terme, il est permis d’envisager d’étendre le champ d’application de ce dispositif à d’autres pays méditerranéens, notamment au Maroc et à l’Arménie dans lesquels la région Île-de-France entend développer ses partenariats et échanges, précise Éric Bouvard. Il s’agira donc de lire et d’écrire, non plus seulement au Liban, qui aura fait ici figure de pionnier, mais dans nombre d’autres espaces publics autour de la Méditerranée.

Mais revenons au festival. Si vous avez manqué les activités de juin, centrées autour de la poésie et de la musique, vous avez manqué entre autres deux moments de grâce, avec notamment le spectacle monté par les élèves du Grand Lycée Français sous la direction de Valérie Cachard et intitulé « Lettres aux arbres, aux nuages et à l’oiseau », et la soirée poétique et musicale avec Salim Alaeddine, où ce dernier disait, caché dans les arbres en compagnie de deux autres acteurs, des textes poétiques. On entendait ainsi les arbres parler, et à chaque fin de texte, une feuille recouverte de mots venait s’échouer sur le sol. Les activités de juillet étaient, quant à elles, spécifiquement adressées au public enfantin : mime, marionnettes, contes, théâtre interactif… Mais vous pouvez encore participer à celles de septembre et d’octobre qui toucheront au monde de l’image et du cinéma. Encore de belles rencontres en perspective, avec des textes, des voix et des paysages. Des soirées entières dans les arbres…



*Les spectacles, sauf indication contraire, se tiennent au bois des Pins de Beyrouth, entrée par Tayouneh face à la pâtisserie el-Baba. Pour plus d’informations : 01/664 647
 
 
 
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