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2020-04 / NUMÉRO 166   RÉAGISSEZ / ÉCRIVEZ-NOUS
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Le livre de chevet de...
Ammar abd Rabbo
2017-02-02
Pour un photographe, cela pourrait surprendre, mais je suis très attaché à la poésie. Et mes livres de chevet, car ce serait difficile de n’en citer qu’un, ce sont les œuvres complètes de Nizar Qabbani, le fils de Damas, comme moi. Et dans ma langue « d’adoption », dans ce français que j’aime tant et dans lequel je suis à l’aise, j’aime beaucoup les mots d’Aragon. Certains poèmes sont de vrais « phares », dans cette obscurité qui nous entoure. Quand je prends une photo, il y a parfois un poème qui m’inspire et me porte. Et parfois, c’est quand je revois des photos prises plus tôt, dans le feu de l’action, qu’un poème me vient à l’esprit : « Assassinée ma poésie !/ Existe-t-il un peuple au monde/ Excepté nous/ Qui assassine le poème ? »

Quand Aragon écrit « Mon bel amour mon cher amour ma déchirure/ Je te porte dans moi comme un oiseau blessé/ Le temps d'apprendre à vivre il est déjà trop tard/ Il n'y a pas d'amour heureux » ou quand il parle de son amour Elsa… ses mots me touchent, tout comme ceux de Nizar Qabbani quand il parle de son amour Balkis, tuée à Beyrouth… « Le jour où s'est arrêté/ Le dialogue entre tes seins/ Dans l'eau prenant leur bain/ Et les tribus s'affrontant pour l'eau/ L'ère de la décadence a commencé ».

Comment ne pas être sensible aux similitudes, aux résonances, aux échos du même amour, de la même humanité, de la même lassitude ?

Ces livres de chevet m’apprennent aussi que peu importe la langue, il y a tant de choses qui nous rassemblent.
 
 
© D.R.
 
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