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2020-04 / NUMÉRO 166   RÉAGISSEZ / ÉCRIVEZ-NOUS
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Le livre de chevet de...
2008-09-04
Tout d’abord je ne fais jamais outrage à un livre en le lisant couché. Cela ne veut pas dire que je lis des histoires à dormir debout. Un livre réclame une position dynamique car il sollicite l’esprit bien entendu, mais aussi tous les membres du corps : les mains pour tourner les pages, les pieds pour frapper la cadence d’un paragraphe au rythme pétaradant, le diaphragme pour vibrer avec des rebondissements époustouflants, les lèvres pour murmurer des stances aux accents lyriques, les zygomatiques pour accompagner un calembour ou une belle entourloupette… Bref, tout doit bouger avec les yeux qui parcourent les rails à grande vitesse. Ainsi ma meilleure position de lecture fut lorsque j’ai avalé le Kama Sutra en faisant du ski nautique.

Deuxième aveu : mes meilleurs compagnons sont les dictionnaires. J’en ai une cinquantaine. Je ne me lasse pas de les consulter pour découvrir une relation étymologique ou un synonyme, ou encore pour décrypter un sens caché, vieilli ou simplement non recommandé. J’affectionne également les dictionnaires qui effectuent un va-et-vient d’une langue à l’autre pour nous traduire le plus fidèlement possible les termes d’un parler dont on est peu familier. J’affectionne énormément les dictionnaires encyclopédiques des sciences du langage, ainsi que tout ce qui touche à la linguistique. Je citerai quelques livres dont j’ai abusivement froissé les pages : Noam Chomsky et sa linguistique cartésienne, la sociolinguistique de William Labov, Proust et les signes de Gilles Deleuze, la sémiologie, la linguistique structurale…

Je ne fais pas le savant et j’avoue qu’aucun de ces traités n’a été lu d’un bout à l’autre par moi. Fini le temps d’une lecture entière d’un roman, d’une thèse, d’un essai ou d’une nouvelle. Je ne prône plus la lecture d’un livre mais sa consultation. Tant pis pour les éventuels contempteurs : l’ouvrage d’un auteur dont on connaît le style peut être entièrement assimilé en glanant des passages à partir de… la table des matières ! Vive le mezzé de mille-feuilles imprimées?!
 
 
© D.R.
 
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