J’ai lu Gros-câlin de Romain Gary à sa parution, en1974, et depuis ce jour-là, ce magnifique roman est devenu mon livre de chevet.

À chaque nouvelle lecture, j’étais saisie par la profonde humanité qui se dégageait de ce texte, par son humour aussi et par sa mélancolie.

D’emblée, je me suis sentie proche du personnage principal, Monsieur Cousin, employé modèle dans une grande entreprise, et dont la seule particularité est de vivre dans un appartement avec Gros-câlin, un python de 2m20 rapporté d’Afrique.

En quête d’amour, Monsieur Cousin nous embarque dans un drôle d’univers, bien loin de la « réalité réelle », et ce décalage entre Cousin et le réel est si fort qu’il nous entraîne jusqu’aux portes de la folie.

Mais heureusement la fantaisie des situations prend le pas sur le tragique, et nous permet ainsi de rire dès que la tristesse risque de nous envahir.

Ce roman est aussi une dénonciation de la dureté de notre monde contemporain où les êtres se côtoient sans se parler car la solitude est définitivement ancrée dans les grandes villes. C’est aussi en cela que cette fable nous touche par sa modernité et par son humanisme.

*directrice des éditions Le Mercure de France.