Bernard Thomasson
2012-02-02
Chaque fois que je prends le train gare d’Austerlitz pour descendre embrasser mes vieux parents, je me dis qu’il faudra bien que je finisse par l’écrire ce roman ferroviaire. Dès que j’ai été jeune adulte, en effet, j’ai eu envie d’inventer mon propre Jacques Lantier partagé entre le labeur de cheminot et une vie amoureuse tout en douleurs. Combien de récits ai-je ainsi ébauchés, qui ont tous fini sur une voie de garage (comme celle menant aux anciens ateliers circulaires dominant Brive, où les locomotives étaient révisées?: aujourd’hui ce sont des bureaux?!). À cette époque, je lisais et relisais Zola parce que sa veine naturaliste répondait à mon avidité d’appréhender la société pour mieux la changer. Avec Germinal, j’ai détesté la mine, mais j’ai admiré les grévistes, en compagnie de Nana j’ai plongé dans une vie fascinante, dans La Bête humaine, j’ai foncé dans l’inconnu de la nuit normande. Zola racontait son époque en journaliste, peut-être m’a-t-il inconsciemment guidé vers ce métier. Et en romancier, or la souffrance des petites gens et les sentiments qui les (nous) animent sont éternels, c’est pourquoi un bon vieux Zola traîne toujours non loin de ma table de chevet…
Journaliste et rédacteur en chef adjoint de France Info, Bernard Thomasson a publié Je voulais vous donner des nouvelles (Odile Jacob, 2009) et Ma petite Française (Seuil, 2011).