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2020-04 / NUMÉRO 166   RÉAGISSEZ / ÉCRIVEZ-NOUS
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« Je suis Charlie, pas Bachar ! »


Par Marwan Hamadé
2015 - 03
Au vu du ridicule étalage de leur science politique « infuse », je me suis dit qu’au lieu « d’être Charlie » comme ils l’ont prétendu depuis des semaines, un quarteron de députés français ne sont plus désormais que des « Bachar ».

Il est vrai que certains d’entre eux, affichaient déjà, il n’y a pas longtemps, leurs relations ambigües avec des poseurs de bombes qui croupissent aujourd’hui dans les prisons du Liban. D’autres se pavanaient dans les entourages des dernières délégations du régime syrien encore admises à Paris avant d’être mises au banc de la morale et de la justice internationales. D’aucuns aujourd’hui vont jusqu’à prétendre avoir obtenu la pitoyable libération « sous caution et sous contrôle judiciaire » d’un seul intellectuel syrien, Louay Hussein alors que plus de cent mille sont détenus ou portés disparus. L’un de ces représentants connu pour son allégeance chronique aux « services » et son goût prononcé pour d’autres « services » a poussé le toupet jusqu’à prétendre promouvoir les intérêts d’entreprises françaises ou – pis encore – de certains cercles galonnés au Liban.

Dans L’Orient Littéraire qui a peut être eu tort de solliciter ma plume cette semaine, je n’ai pas pu m’empêcher de consacrer cette chronique à faire la différence entre la faute politique et le péché mortel.
Et je me permets d’affirmer que je suis aussi outré de la goujaterie criminelle de quatre sénateurs et députés que par la criminelle entreprise des frères Kouachi et du sieur Koulibaly. Blanchir l’assassin de 200 000 Syriens peut paraître anodin à certaines personnalités des Yvelines ou de la Haute-Garonne. Surtout que de similaires apparitions, écharpe tricolore en bandoulière, avaient, il y a un quart de siècle, alimenté des fantasmes présidentiels dont le Liban ne s’est pas encore remis.

Aussi, mon cœur de franco-libanais bat à la même mesure pour d’innocents confrères journalistes à Paris que pour d’aussi innocents citoyens à Damas, Alep, Daraa ou Homs. Ce cri de révolte est aussi une expression de reconnaissance à MM. Hollande, Valls, Sarkozy, Fabius, Juppé et bien d’autres qui – comme ils l’avaient promis à l’unisson en ce 11 janvier superbe – n’ont pas fait eux l’amalgame.

J’espère que les associations d’amitié parlementaire libano-arabes sauront désormais distinguer entre les parlements et les associations de malfaiteurs et de faire la part des choses. À l’heure où la France est conspuée, son drapeau déchiré, son ambassade assaillie, son chef de mission insulté par ceux-là même qui à Beyrouth comme à Damas admirent « le boucher » et l’assistent dans sa sinistre tâche, ceux qui croient encore à l’image du Liban et aux valeurs de la France doivent faire front à l’infamie.
 
 
D.R.
« Mon cœur bat à la même mesure pour d’innocents confrères journalistes à Paris que pour d’aussi innocents citoyens à Damas... »
 
2020-04 / NUMÉRO 166