Par Alexandre Najjar
2012 - 05
Depuis sa création, la librairie Antoine est une référence incontournable quand on parle du livre au Liban. Librairie trilingue, à la fois généraliste et spécialisée, elle a éduqué des géÂnérations entières de Libanais. Ma mère se souvient qu’elle s’y rendait fréquemment avec ses amies pour y découvrir les dernières parutions. Elle y croisait le maître des lieux, M. Naufal, et Elie Gebeyli qui « prenait plaisir à conseiller les clients ». Au sous-sol de l’établisÂsement, les gens venaient acheter, mais aussi lire et emprunter, si bien qu’on avait parfois le sentiment d’être dans une vraie bibliothèque !
Pour ma part, j’ai fréquenté cette librairie en tant que lecteur, puis comme auteur puisque j’y ai dédicacé la plupart de mes livres. Comme lecteur, j’ai toujours été agÂréableÂment surpris d’y trouver les ouvrages les plus récents, même quand la guerre paralysait les transports. Je n’en suis jamais sorti les mains vides, au grand déÂsespoir de ma famille qui n’en peut plus de voir la maison envahie par les bouquins – présents jusque dans la salle à manger ! Comme auteur, j’y ai toujours reçu, de même que nombre d’écrivains libanais et étrangers, un accueil chaleureux et une attention particulière. Au salon du livre de Beyrouth, son stand attire chaque année les meilleures plumes francophones.
Tout bien considéré, la librairie Antoine est plus qu’une institution, c’est un paÂtrimoine national. Sans elle, et sans quelques autres bonnes librairies, le paysage culturel libanais serait désertique. Sans elle, nous autres, écrivains et lecteurs, serions orphelins.