Par Charles Dantzig
2014 - 05
Je n’ai jamais
mis le plaisir à la base du jugement. Une sucette c’est du plaisir. Mallarmé
n’en est pas, même s’il en apporte, et d’ailleurs non, ce n’est pas du plaisir,
mais de l’enchantement. « Plaisir » est souvent un jugement de vieille dame qui
boit du thé et a peur de se laisser aller.
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La littérature
est une forme de danse, vous savez, de la pensée dansée.
La philosophie
est une langue étrangère. La littérature, une langue mystérieuse.Â
De tel ou tel
livre médiocre, on pourrait souvent dire : « Ça manque d’artificiel. »
Un homme qui
répète trente fois la même chose finit souvent par se persuader que c’est une
pensée.
Le gâtisme est
l’assurance du succès.
Le public
déteste les supériorités. Alexandre le Grand devait être haï.
Le désir de
célébrité est un signe infaillible de vulgarité.
Certains
gouvernements se croient justifiés par la haine que légitime leur politique
injuste.
Les
dictatures, ce sont des gens qui attendent.
Chose qui
n’est jamais ravissante : le colossal.
Les empires
chutent. La belle découverte. Ils naissent.
Le drame des
États-Unis ce n’est pas la guerre d’Irak, ce sont les chemises mal coupées.
Je me méfie
beaucoup du genre gros pull-over à bourres.Â
Le mimosa est
la fleur qui se rapproche le plus de la danse. Bouffant, gracieux, aérien, bras
tombants, salut.
On ferme
toujours les plages au meilleur moment.
La minceur est
française.
Une grande
actrice, c’est une vieille belle à qui on propose de jouer Les trois sœurs et
qui répond : « Il y en a deux de trop. »
Une drama
queen, c’est quelqu’un qui chante « Sempre viva » en espérant mourir.
On devrait
pouvoir dire à un garçon dans la rue : « Vous êtes très joli », comme on peut
le dire à une fille.
Le moment où
les choses déraisonnables cessent d’amuser est aussi le moment on l’on cesse
d'aimer.
Tant qu’on
vit, on est immortel. L’homme est immortel.
L’insouciance,
c’était hier.
La
désinvolture, c’est aujourd’hui.
L’indifférence,
c’est demain.
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Demain ça
n’existe pas. Il n’y a qu’aujourd’hui qui compte.
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Une recontre avec Charles Dantzig sous le thème « la
notion de chef-d'œuvre », organisée par L'Orient
Littéraire en collaboration avec le Mouvement culturel Antélias et
l'Institut Français au Liban, aura lieu le vendredi 2 mai Ã
18h30 au Couvent Mar Elias d'Antélias.