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2020-04 / NUMÉRO 166   RÉAGISSEZ / ÉCRIVEZ-NOUS
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Dans les pas d'Etel Adnan


Par Alexandre Najjar
2014 - 05
Des villes et des femmes, le dernier livre d’Etel Adnan récemment paru aux éditions Tamyras, est inclassable. Il réunit certes des lettres adressées en 1990 à Fawaz (Traboulsi), mais il se présente aussi comme un récit de voyage enrichi de réflexions profondes sur les femmes, l’art et la philosophie. À Barcelone, l’auteure nous parle des rues, de Gaudi, des Espagnols, de Picasso. Mais le Liban n’est jamais absent de ses pensées : « Cela pourrait ressembler à Beyrouth, le vieux Beyrouth, celui qui n’existe plus », observe-t-elle en comparant sans cesse les lieux qu’elle découvre à ceux de sa jeunesse. « Notre mémoire à nous est tissée de guerres », soupire-t-elle. Elle se rend ensuite à Aix où elle admire les œuvres de Picasso et de Cézanne tout en s’interrogeant sur le rôle de la femme dans l’univers de chaque peintre. En Grèce, elle recherche « le grec parlé par (sa) mère », évoque ses amies, les déesses, la mer et la Vierge. À Murcie, en Espagne, puis à Rome et au Vatican, elle disserte brillamment sur Ibn Arabi et sur le Jugement dernier de Michel-Ange, mais à Amsterdam ou à Berlin, elle laisse le lecteur sur sa faim, obsédée par la guerre qui se prépare dans le Golfe. De retour à Beyrouth, on la sent désabusée, nostalgique du Liban d’autrefois. La mort de son amie Janine la plonge dans une tristesse sans nom. « Il y a peut-être de l’héroïsme à vivre à Beyrouth », conclut-elle avec fatalisme.

Ce qu’il y a de remarquable dans ce livre, c’est la capacité d’Etel Adnan à s’émerveiller de tout, c’est son sens de la formule, c’est son intelligence aiguë et sa vaste culture qui lui permettent d’analyser avec une rare perspicacité ce qu’elle observe et ce qu’elle ressent. On voyage beaucoup en peu de pages, mais le périple est passionnant !


 
 
D.R.
 
BIBLIOGRAPHIE
Des villes et des femmes de Etel Adnan, Tamyras, 2014, 105 p.
 
2020-04 / NUMÉRO 166