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2020-04 / NUMÉRO 166   RÉAGISSEZ / ÉCRIVEZ-NOUS
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2010 - 05
Dans ce portrait de Fouad Abi Zeid (1914- 1958) en élève sage et modèle, tout entier replié sur son intériorité et protégé par une tignasse noire et drue, César Gemayel (1898-1958), son aîné, percevait-il le poète visionnaire au destin tragique, fabricant de strophes où se nouent, dans des phrases amples, impulsives et retenues, les éléments premiers et les cycles du cosmos?? Ou ne faisait-il que saisir à ses débuts un grand créateur dont le lectorat sera toujours restreint?? Peut-être prend-il simplement en compte cette assertion de l’écrivain?: «?Mais j’étais faible, et vague, et point de nom.?»
À l’âge de 23 ans, date du portrait (1937), Abi Zeid avait fait paraître à Beyrouth son premier recueil, Poèmes de l’été (1936), mais il lorgnait Paris et la reconnaissance des plus grands. Néanmoins, la dilatation des narines et la sensualité des lèvres que Gemayel, peintre des incarnats légers et des formes suaves, a indiquées en son modèle se heurteront toujours à cet arrière-fond gris de la toile, insurmontable. De ce froissement naîtront le malheur de l’individu et la magie de son verbe?: «? Et moi, pauvre, qui écris ceci, j’ai conscience de ressembler à cet enfant qui, ayant creusé un trou dans le sable, y voulait faire tenir la mer?» (Le lit noir).
 
 
 
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