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2020-04 / NUMÉRO 166   RÉAGISSEZ / ÉCRIVEZ-NOUS
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Editorial



Par Véronique Aulagnon Directrice de l’Institut français du Liban
2018 - 11
C’est avec une ambition renouvelée que nous inaugurons la 25e édition de cette «?institution?» qu’est le Salon du livre francophone de Beyrouth. Notre ambition?: ancrer encore davantage ce salon au cœur de la société libanaise d’aujourd’hui.

Organisé par l’Institut français du Liban en collaboration avec le Syndicat des importateurs de livres et le ministère de la Culture libanais, avec le soutien de nombreux partenaires, ce Salon a accompagné le Liban sans discontinuer depuis la fin de la guerre civile. Il est et reste une manifestation de premier plan, qui réunit chaque année près de 80?000 visiteurs, près de 200 auteurs, libraires, éditeurs et traducteurs, mais aussi un large public, de tous âges, milieux sociaux et communautés religieuses. Vitrine de la littérature et de la pensée francophone dans sa diversité, avec la venue cette année encore de grands noms, notamment du Maghreb et d’Afrique, lieu effervescent et bruissant de rencontres entre auteurs, étudiants, élèves et lecteurs, ce Salon est aussi et surtout un moment fort de débat d’idées, marqué par sa totale liberté d’expression.

Riche de ces acquis, qui lui valent un public fidèle et exigeant, ce Salon ne doit pas se reposer sur ses lauriers, mais, au contraire, se tourner encore davantage vers l’avenir?: le plurilinguisme, les cultures numériques, les nouveaux sujets d’intérêt de la jeunesse. Parce qu’«?un livre est toujours une fenêtre ouverte sur le monde?» comme l’écrivait Julien Green, ce Salon se donne pour mission de nous aider à regarder en face le monde contemporain – un monde en mouvement et marqué par une montée des tensions et des populismes.

Faire face au présent, c’est d’abord reconnaître que la francophonie ne touche pas tous les Libanais. Il faut donc créer des ponts vers le public arabophone. D’où notre choix, amorcé ces dernières années et amplifié en 2018, d’accueillir des éditeurs arabophones?: ce Salon est ainsi un lieu de rencontres avec des éditeurs francophones et un vecteur pour initier de nouveaux projets de traduction et de coédition. D’où notre décision de proposer des activités destinées à un public peu francophone, à travers des concerts ou des ateliers pour enfants. La francophonie est toujours plus forte quand elle est ouverte aux autres langues.

Faire face au présent, c’est aussi faire entrer le numérique au cœur de ce Salon du livre. Non pas comme un loup dans la bergerie ou comme un moyen artificiel pour séduire la jeunesse, mais bien comme une donnée constitutive de notre nouvel univers mental, social et culturel, qu’il nous reste à penser et à mettre au service de l’homme. Car le numérique est à la fois porteur à la fois de dangers – addiction aux réseaux sociaux, développement de «?fausses informations?» mettant en danger les démocraties… – mais également d’innovations – nouveaux outils au service de la lecture et de l’éducation. Il nous semblait donc essentiel d’ouvrir ce débat et c’est pourquoi ce Salon est dédié aux cultures numériques, avec pour la première fois, un espace de 100 m2 permettant au grand public de découvrir une sélection des meilleures jeunes pousses libanaises du secteur et d’accueillir des grands penseurs français de la «?Tech?».

Si, dans un contexte économique et social difficile, la France fait le choix chaque année depuis 26 ans de consacrer des moyens importants à organiser ce Salon - le 3e plus grand Salon du livre francophone du monde –, si des partenaires le soutiennent durablement, si le public est plus nombreux d’année en année, c’est parce que ce Salon incarne ce que la francophonie peut produire de meilleur?: un espace de métissage, de liberté et de dialogue. Un Salon comme un voyage, au service de l’avenir.
 
 
 
2020-04 / NUMÉRO 166