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Editorial
Les leçons de la présidentielle


Par Alexandre Najjar
2017 - 06
Un proverbe libanais dit que tout ce qui vient de chez les Francs n’est pas forcément bon. C’est d’autant plus vrai que la France a perdu une partie de son rayonnement dans le monde, sans doute à cause de l’invasion anglo-saxonne qui a réduit la zone d’influence de la culture française. Il n’en reste pas moins que, dans de nombreux domaines, la France demeure une référence incontournable. La présidentielle, par exemple, malgré ses couacs, est venue rappeler aux Libanais ce que doit être une démocratie : l’application stricte de la Constitution et le respect des délais constitutionnels, un débat d’idées sur la base de programmes détaillés, une organisation quasi parfaite du scrutin dans un climat paisible et l’élection d’un outsider jeune, n’appartenant pas aux partis traditionnels, capable de constituer en un temps record un gouvernement formé de politiciens de tous bords et de technocrates chevronnés, et respectant parfaitement la parité hommes-femmes. Enfin, contrairement aux États-Unis où le populisme a engendré Trump, la France s’est bien gardée de faire un saut dans l’inconnu, la prestation lamentable de Mme Le Pen lors du face à face télévisé ayant refroidi une bonne partie de son électorat potentiel, tout comme les casseroles de Fillon ont écœuré de nombreux électeurs de droite – preuve que la moralité en politique n’est pas un paramètre négligeable. À titre de comparaison, notre République n’est plus que l’ombre d’elle-même : irrespect total de la Constitution, double auto-prorogation du mandat des députés, absence d’alternance, vacance de la présidence pendant deux ans et demi, incapacité à se mettre d’accord sur une loi électorale, sous-représentation de la femme et des jeunes au Parlement comme au gouvernement, chantages permanents de la part des oligarques, corruption galopante… Nous sommes gouvernés par des ignorants. Or, comme l’affirme si bien Amin Maalouf, « s’accommoder de l’ignorance, c’est renier la démocratie, c’est la réduire à un simulacre » !

 
 
 
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