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2020-04 / NUMÉRO 166   RÉAGISSEZ / ÉCRIVEZ-NOUS
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Editorial
Paillettes et flonflons


Par Alexandre Najjar
2016 - 09
Les festivals sont-ils le baromètre de la vie culturelle libanaise ? Rien n’est moins sûr. Si ces festivals ont le grand mérite d’animer les villes et villages du Liban en été, ils ne proposent, finalement, à quelques exceptions près, que des artistes importés, les mêmes chanteurs locaux ou des spectacles réchauffés. La littérature est le parent pauvre de cette saison qui ne programme aucun événement important dans ce domaine, à part deux ou trois soirées de poésie populaire (zajal). Pourquoi les organisateurs méprisent-ils à ce point les lettres ? Qui a dit que les vacanciers étaient des abrutis allergiques à la lecture ? Et comment inciter nos jeunes à lire si, pendant la période estivale, on ne leur offre que des spectacles musicaux ? À titre comparatif, pendant ce mois de septembre, les événements littéraires sont légion en France : le festival America à Vincennes, le Livre sur la Place à Nancy, la Forêt des Livres en Touraine, les Rencontres nationales de la BD à Angoulême, le Festival du polar près de Toulouse, les Livres en vignes à Vougeot, Les Racines du ciel à Ajaccio, Littératures nomades au Mans, le Forum Fnac Livres à Paris, les Livres dans la Boucle à Besançon, les Correspondances de Manosque, pour ne citer qu’eux… Autochtones, estivants et touristes y affluent, tout heureux de se nourrir intellectuellement ou de se distraire entre deux baignades ou randonnées avant la rentrée. Quant à « Partir en livres », fête du livre pour la jeunesse organisée pendant les vacances, elle a attiré plus d’un demi-million de participants ! Au Liban, le ministère de la Culture, le ministère du Tourisme et les ambassades actives devraient, pour contrer le nivellement par le bas, encourager les festivals littéraires (bien moins coûteux que les autres) et réserver une part de leurs sub­ventions à des manifestations de ce genre (comprenant pièces de théâtre, lectures publiques, soirées poétiques, rencontres avec des écrivains libanais, arabes ou internationaux, ateliers d’écriture, salons du livre, braderies, conférences, débats, ex­positions autour de thèmes définis…), quitte à imposer un quota aux collectivités et aux organismes quémandeurs. Car la culture d’une nation ne se construit ni avec des paillettes ni avec des flonflons.
 
 
 
2020-04 / NUMÉRO 166