Un roman français de Frédéric Beigbeder (Grasset)
« Je venais d’apprendre que mon frère était promu chevalier de la Légion d’honneur quand ma garde à vue commença. » Le 28 janvier 2008, Frédéric Beigbeder est arrêté pour usage de stupéfiants et délit de fuite. Contraint de passer la nuit au poste, sans somnifère ni livres à se mettre sous la main, il commence à écrire, mentalement, ce qui deviendra Un roman français. L’auteur de 99 francs et de Windows on the world qui, de son propre aveu, n’a jamais écrit que les histoires d’hommes sans passé, « paumés dans un présent déraciné », se remémore ici son enfance entre un père noceur, une mère dépressive et un frère autoritaire.

Le voyage d’hiver d'Amélie Nothomb (Albin Michel)
Plutôt que de présenter une énième fois la stakhanoviste de l’écriture qu’est Amélie Nothomb (qui signe là sa 18e rentrée littéraire !), mieux vaut donner à lire les premières lignes de son nouveau roman : « Dans les aéroports, quand je passe à la fouille, je m’énerve, comme tout le monde. Il n’est jamais arrivé que je ne déclenche pas le fameux bip. Du coup, j’ai toujours droit au grand jeu, des mains d’hommes me palpent de la tête aux pieds. Un jour, je n’ai pas pu m’empêcher de leur dire : “Vous croyez vraiment que je veux faire exploser l’avion ?” (…) Aujourd’hui je passe à la fouille et je m’énerve. Je sais que je vais déclencher le fameux bip et que des mains d’hommes vont me palper de la tête aux pieds. Or je vais vraiment faire exploser l’avion à 13h30. »

Jan Karski de Yannick Haenel (Gallimard)
Deux ans après Cercle, Yannick Haenel nous revient avec un roman historique. Situé dans l’Europe de la Seconde Guerre mondiale, il raconte la vie de Jan Karski. De son vrai nom Jan Kozielewski, Karski fut un des premiers à révéler aux Alliés l’ampleur du génocide juif. Membre de la résistance polonaise, il rentre clandestinement dans le ghetto de Varsovie en 1942. Sa mission : dire ce qu’il voit, témoigner de la solution finale. Plusieurs décennies plus tard, il racontera son expérience des camps de concentration dans Shoah (1985), le grand film de Claude Lanzmann. À travers le portrait de son héros, l’auteur d’Introduction à la mort française interroge la période la plus noire de l’histoire contemporaine du Vieux Continent.

Trois femmes puissantes de Marie NDiaye (Gallimard)
Norah part pour l’Afrique retrouver son père, tyran égocentrique, devenu mutique. Professeur de français à Dakar, Fanta est contrainte de suivre son compagnon en France. Khady Bemba, jeune veuve africaine sans argent, rejoint la France en quête d’une vie meilleure. Norah, Fanta et Khady Demba. Trois femmes puissantes qui se battent pour préserver une dignité. Pour la première fois, Marie NDiaye, née de mère française et de père d’origine sénégalaise, investit l’Afrique dans son œuvre. Auteure de pièces de théâtre, de romans et de nouvelles, Marie NDiaye a reçu en 2001 le prix Femina pour Rosie Carpe. La sortie de Trois femmes puissantes sera l’un des événements de cette rentrée littéraire. 

BW de Lydie Salvayre (Le Seuil)
BW, c’est Bernard Wallet, éditeur et mari de Lydie Salvayre. Le 15 mai 2008, BW perd brutalement l’usage de son œil droit et craint de devenir définitivement aveugle. En attendant une intervention chirurgicale, « dans une sorte d’urgence », il livre à la narratrice « la somme des départs qui ont marqué sa vie ». Sa fugue en solex, adolescent ; l’exploration de l’Orient ; son ascension de l’Himalaya ; sa passion pour son métier d’éditeur et les raisons qui l’ont poussé à tirer sa révérence ; la découverte de la guerre au Liban, etc. Née en 1948, psychiatre, Lydie Salvayre est l’auteure de 13 romans parmi lesquels La compagnie des spectres (1997), qui l’a fait connaître du grand public. Son précédent roman, Portrait de l’écrivain en animal domestique, figurait sur la liste de la deuxième sélection du prix Goncourt 2007.

Honecker 21 de Jean-Yves Cendrey (Actes Sud)
Nouveau venu chez Actes Sud, l’auteur de Jouets vivants et de La maison ne fait plus crédit, Jean-Yves Cendrey quitte les rives de son projet autofictionnel vengeur pour un roman-portait dont le personnage principal, Matthias Honecker, cadre dans une entreprise de téléphonie mobile et Berlinois pathétiquement moyen (en amour comme au travail), est en proie à une crise existentielle. Sa prétention à reprendre sa vie en main ne fera que le précipiter un peu plus dans le gouffre. Le lecteur rit beaucoup tout au long des 21 chapitres de la vie de ce Charlot contemporain emblématique d’une société postmoderne à la dérive. 

La délicatesse de David Foenkinos (Gallimard)
Le livre s’ouvre sur une citation de Cioran : « Un moine et un boucher se bagarrent à l’intérieur de chaque désir ». Huitième roman du désormais très coté David Foenkinos, La délicatesse raconte « l’histoire d’une femme qui va être surprise par un homme ». Plusieurs années de silence et de solitude après la mort brutale de son mari, Nathalie renaît à la faveur d’un baiser anodin avec Markus, un homme quelconque. L’auteur, grand admirateur de Belle du Seigneur d’Albert Cohen, aborde une nouvelle fois le thème de l’amour d’une plume légère et drôle. Les romans de David Foenkinos, né en 1974, sont traduits dans une quinzaine de pays. 

Des hommes de Laurent Mauvignier (Minuit)
Les hommes de Laurent Mauvignier, ce sont Bernard, Rabut et Février appelés à combattre en Algérie au moment des « événements » en 1960. De retour en France, ils se taisent et reprennent leur vie. Quarante ans plus tard, lorsque Bernard, venu assister à l’anniversaire de sa sœur, sort de sa poche une boîte bleue, le passé ressurgit soudainement... Après s’être glissé dans la peau d’un violeur dans Ceux d’à côté (2002), l’écrivain continue ici à explorer la souffrance, la solitude et le désespoir de ses contemporains et à rendre la parole à ces êtres claquemurés dans leur silence. Né en 1967, Laurent Mauvignier est l’auteur de romans de plus en plus remarqués.

Mal Tiempo de David Fauquemberg (Fayard)
Révélé par Nullarbor, récit de la traversée solitaire d’un homme dans le grand Ouest australien (prix Nicolas-Bouvier 2007), David Fauquemberg signe ici son deuxième roman. Mal Tiempo met en scène un boxeur en fin de carrière qui accompagne de jeunes espoirs français à Cuba, réputée pour la qualité de ses combattants. Là, il rencontre Yoangel Corto, paysan d’un pueblo et petit prodige des rings… « Un livre ni sur la boxe ni sur Cuba », selon l’auteur. Nourri de récits de voyages, de Hemingway, de Conrad et de Cornac McCarthy, ce jeune écrivain (34 ans) est l'un des plus prometteurs de sa génération. 

Mon enfant de Berlin d'Anne Wiazemsky (Gallimard)
Septembre 1944. Claire, 27 ans, est ambulancière à la Croix-Rouge française. Pour la première fois de sa vie, la jeune fille, courageuse et déterminée, se sent vivre. Quelques mois tard, elle suivra les armées alliées dans un Berlin dévasté et y trouvera l’amour, bien malgré elle. Petite-fille de François Mauriac, Anne Wiazemsky retrace le destin romanesque de sa mère, Claire Mauriac, qui vécut une passion avec un jeune officier russe Yvan Wiazemsky. Comédienne, romancière et nouvelliste, Anne Wiazemsky est l’auteure de neuf romans, dont Canines (prix Goncourt des lycéens, 1993) et Une poignée de gens (Grand prix de l’Académie française, 1998).