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2020-04 / NUMÉRO 166   RÉAGISSEZ / ÉCRIVEZ-NOUS
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Aux livres, citoyens !
Organisé par le Syndicat des importateurs de livres en coopération avec l’Institut français et divers partenaires, le 18e Salon francophone du livre de Beyrouth ouvre ses portes du 29 octobre au 6 novembre 2011. L’occasion pour le public libanais de célébrer avec faste le livre et la francophonie?!

Par Alexandre NAJJAR
2011 - 11
La francophonie au Liban a encore de beaux jours devant elle, malgré l’invasion de la langue anglaise. Elle reste, pour les Libanais, une fenêtre nécessaire sur la modernité, un espace de solidarité entre les différents pays ayant le français en partage, un vecteur essentiel de dialogue interculturel et un véhicule de valeurs dans une région du monde où les libertés publiques et la démocratie sont, hélas, souvent foulées aux pieds. Pour dynamiser cette francophonie qui, depuis des années, a cessé d’être la «?chasse gardée?» d’une seule communauté et s’est propagée dans toutes les régions du pays, le Salon du livre francophone de Beyrouth tombe à point nommé. Fréquenté par près de 100?000 visiteurs –?chiffre qui le place dans le peloton de tête des Salons francophones dans le monde?–, événement incontournable pour les grands et les petits lecteurs, il propose une variété de manifestations et d’activités qui devraient contribuer à mieux faire aimer le livre et la langue de Molière…

Les mots de la liberté

Créé en 1992, ce Salon sera, cette année, au cœur de l’actualité, puisque le thème central qu’il s’est choisi, printemps arabe oblige, est «?Les mots de la liberté?». Comment s’en étonner?? La langue française, nourrie par le siècle des Lumières et la Révolution, est perçue comme «?la langue de la liberté?», et les rebelles arabes n’ont pas hésité à employer des mots en français («?Dégage?!?») pour exprimer leur révolte… De son côté, le Liban a toujours été un bastion de la liberté en Orient et a sans doute inspiré les révolutions qui secouent le monde arabe. Dans ce cadre, plusieurs rencontres sont prévues?: une table ronde intitulée «?Les bourgeons arabes de la liberté fleuriront-ils???», animée par Ziad Majed, avec Khaled al-Khamissi, Farouk Mardam Bey et Olivier Mongin?; un débat autour de l’essai remarquable de Samir Frangié Voyage au bout de la violence (éditions L’Orient des livres), avec la participation de Marwan Hamadé, Olivier Mongin et Tarek Mitri?; une rencontre avec Rabia Bekkar, Pierre-Arnaud Barthel, Carole Kerbage et Farah Kobaissy, animée par Ziyad Makhoul, autour du thème «?Mouvements sociaux, révoltes et révolutions dans le monde arabe?»?; des lectures de textes d’auteurs qui «?ont écrit pour la liberté?», en l’occurrence Jorge Semprun et Édouard Glissant, par Rita Bassil et Georgia Makhlouf, avec la participation du professeur Daniel Riou?; un débat sur «?La jeunesse libanaise et les mots de la liberté?», animé par Joumana Haddad?; un hommage à Samir Kassir rendu par Henry Laurens, Jean-Pierre Filiu, Élias Sanbar, Maha Hassan, Delphine Minoui, Ziad Majed et Christophe Ayad?; ainsi qu’une rencontre autour de la justice internationale, avec la participation de l’ambassadeur de France, Denis Pietton, de l’ambassadrice de Belgique, Colette Tacquet, de l’ancien ministre Salim el-Sayegh et de Fady Fadel, auteur d’un essai sur le sujet?; avec la signature par Joumana Nahas de Chronique en marge d’un tribunal, qui retrace au jour le jour le «?combat?» de l’ancien ministre de la Justice, le professeur Ibrahim Najjar, pour sauvegarder le tribunal spécial chargé de juger les assassins de Rafic Hariri et ses compagnons, malgré les pressions et les intimidations.

Quant au problème des minorités, qui inquiète et divise depuis le déclenchement des révoltes arabes, notamment en Syrie et en Égypte, il sera abordé au cours d’une table ronde intitulée «?Chrétiens d’Orient ou Orient de la connivence?» et animée par Antoine Courban, avec la participation de Samir Frangié, Henri Quinson et Chantal Verdeil.

Enfin, «?L’actualité en caricatures?» sera le thème d’une conférence organisée par L’Orient-Le Jour et animée par Christian Merville, avec la participation de Patrick Pinter et Armand Homsi. Quand on sait la terreur exercée par les tyrans contre les caricaturistes, on comprend tout l’intérêt de l’hommage rendu à ces artistes courageux.

La Belgique et Beyrouth

L’invité d’honneur est, cette année, la Belgique. Wallonie-Bruxelles propose en effet un panorama de ses éditions à travers 25 éditeurs différents, plus de 10 auteurs et une participation importante de la bande dessinée, avec la présence de François Schuiten et Philippe Berthet. Initiative qu’il convient de saluer, parce qu’elle engage davantage la Belgique dont la participation au Salon était, jusque-là, plutôt timide.

La ville de Beyrouth, qui accueille le Salon, sera également à l’honneur, avec plusieurs rencontres ayant pour thème l’urbanisme ou la culture?: «?Beyrouth et ses urbanistes?» avec Éric Verdeul?; «?Ville fertile, fenêtre ouverte sur de nouvelles natures urbaines?» avec Nicolas Gilsoul?; «?Terreau fertile?: les nouveaux paris de l’espace public?», avec ce dernier et Luc Schuiten?; «?Des banlieues à la ville, espaces et acteurs de la négociation urbaine?» avec la participation de Christiane Demontes (sénatrice du Rhônes), Benoît Marquaille (élu au Conseil régional de l’Île-de-France) et Edmond Gharios (maire de Chiyah)?; ainsi qu’un colloque organisé par l’IFPO sur le thème «?La place de la culture et de la mémoire dans les dynamiques locales?».

D’autres tables rondes, autour de thèmes divers, comme la femme, le rôle des parents, les compositeurs libanais (sujet d’un dictionnaire signé Zeina Kayali), la francophonie, l’écologie, la jeunesse, et, dans le domaine du livre en général, les résidences d’écriture, les ateliers d’écriture ou encore la bibliothèque virtuelle de la Méditerranée, et une série de conférences données par les auteurs invités, seront également au rendez-vous. Une brochure et un site Web (www.salondulivrebeyrouth.org ) détaillent ces interventions.

De nombreux auteurs présents

Nombre d’écrivains, romanciers et essayistes, libanais et français, ainsi que plusieurs auteurs de BD, seront présents au Salon pour dédicacer leurs œuvres. (Voir p.4 et 5). La plupart participeront à des cafés littéraires et des tables rondes, animés par plusieurs médiateurs dont?: Christophe Ayad, Gérard Meudal, Josyane Savigneau et Christine Rousseau.

La poésie libanaise sera bien représentée, puisque Antoine Boulad, Fady Noun, Hala Katrib et Andrée Affeiche, d’une part, et Ezza Agha Malak et Karen Boustany (accompagnées à la guitare par Evelyne Accad?!), d’autre part, organisent des lectures poétiques, et que Tamirace Fakhoury signe son œuvre aux éditions Dar an-Nahar. L’homme de théâtre Nabil al-Azan donnera également une lecture de poésie, alors que le poète arabophone Abdo Wazen lira des poèmes de la regrettée Andrée Chedid, traduits en arabe par lui-même. Hyam Yared et Amal Saadé proposent enfin «?Une installation à lire, des poèmes à voir?: esthétique de la prédation?».

Des éditeurs dynamiques

À côté des libraires importateurs de livres, les éditeurs libanais sont particulièrement dynamiques cette année. Les éditions L’Orient-Le Jour, les éditions de la librairie Antoine, les éditions Dar an-Nahar, les éditions Geuthner (détenues par un actionnariat libanais), les éditions Dergham, les éditions de La Revue phénicienne (fondées par le grand poète Charles Corm), les éditions Hatem (axées sur la jeunesse), les éditions Tamyras et les éditions L’Orient des livres, partenaires des éditions Actes Sud, qui viennent de voir le jour, pour ne citer qu'eux, proposent cette année de nouveaux titres et témoignent de la vitalité de la littérature libanaise d’expression française, sachant que plusieurs jeunes auteurs sont publiés par ces maisons – encouragement nécessaire pour préparer la génération de la relève. Ces éditeurs-là, qui font un excellent travail dans des conditions très difficiles et sans subventions (où est l’équivalent du CNL français??), constituent un vivier francophone de qualité. Il faut espérer que la diffusion en France et dans les pays francophones s’améliore pour permettre à leurs publications d’avoir une meilleure visibilité.

Deux prix seront également décernés au cours du Salon?: le 16e prix Phénix, sponsorisé par la Banque Audi-Saradar, qui récompense chaque année un auteur libanais francophone ou un auteur français ayant écrit sur le Liban, et le prix du concours photo.    

Expos et spectacles

Comme les éditions Gallimard fêtent leur centenaire, il était normal de rendre hommage à cette prestigieuse maison dans le cadre du Salon. Une exposition retrace donc l’histoire de Gallimard qui se confond avec un siècle de vie intellectuelle en France. Autour du thème de l’environnement, une autre exposition pédagogique, «?Au cœur de nos forêts?», montrera à partir de photos inédites et surprenantes la diversité des forêts au Liban et les dangers qui les guettent. Enfin, une expo ayant pour titre «?Ballades à Paris?» propose une découverte originale de l’évolution de la ville de Paris du début du siècle à nos jours.

Côté création, un gigantesque bas-relief sera réalisé par Luc et François Schuiten avec, en accompagnement, la musique de Bruno Letort. Les mélomanes, justement, pourront assister à une rencontre musicale avec le groupe de jazz éclectique, Paris Combo, et à des concerts de guitare et de saxophone donnés par les musiciens du Conservatoire. Un spectacle intitulé Le Chemin de la belle étoile sera présenté dans l’Agora, les 29 et 30 octobre à 16h, et un documentaire d’Hugues Le Paige, Le Prince et son image, consacré à François Mitterrand, projeté le 1er novembre à 19h, salle Gibran, en présence du réalisateur.

Enfin, l’Union des Français de l’étranger, toujours présente au Salon, organise des activités quotidiennes, dont un atelier de caricature (belle initiative?!), une dictée, des charades et un concert de jazz, dans le cadre d’une manifestation baptisée «?Lettres en fête?».

La diversité des activités proposées par cette 18e version et la qualité des auteurs et artistes présents devraient attirer, cette année encore, une foule nombreuse, dont des milliers d’écoliers et d’universitaires. Afin que rayonne la francophonie. En toute liberté?!

 
 
 
2020-04 / NUMÉRO 166