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2020-04 / NUMÉRO 166   RÉAGISSEZ / ÉCRIVEZ-NOUS
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La Méditerranée au cœur du Salon
Le Salon du livre francophone de Beyrouth 2010 est placé sous le signe de la Méditerranée. Signatures, débats et tables rondes animeront cette 17e édition qui devrait attirer, du 28 octobre au 7 novembre, plus de 80 000 visiteurs.

Par Alexandre NAJJAR
2010 - 10

Quelques jours après la signature à Montreux, à l’occasion du sommet de la Francophonie, d’un pacte linguistique visant à renforcer la langue française au Liban, le 17e Salon du livre francophone tombe à point nommé pour illustrer la fidélité du pays du Cèdre à la langue de Molière, synonyme d’ouverture sur le monde à l’heure où la plupart des pays du Moyen-Orient s’enlisent dans un obscurantisme moyenâgeux. Créé en 1992, organisé depuis 2008 par le syndicat des importateurs de livres en partenariat avec la Mission culturelle française, il aura pour thème cette année « Les mots de la Méditerranée » pour mieux rappeler que la mare nostrum célébrée par Michel Chiha n’est pas une vue de l’esprit mais une réalité palpable, un véritable trait d’union entre Orient et Occident depuis les Phéniciens qui furent les véritables promoteurs de ce qu’on appelle aujourd’hui « le dialogue interculturel ». De fait, plusieurs auteurs « méditerranéens » seront au rendez-vous : Robert Solé dont le dernier roman prend Le Caire pour décor ; l’Égyptien Chérif Choubachy ; Gilbert Sinoué, né en Égypte et auteur d’une œuvre principalement axée sur l’Orient ; les Algériens Yasmina Khadra et Malek Chebel ; le Syrien Farouk Mardam Bey ; la Française Katherine Pancol, native de Casablanca ; le chantre de la Palestine, Élias Sanbar ; quatre grands connaisseurs de l’Orient et de la Méditerranée, à savoir les essayistes Henry Laurens, Georges Corm, Antoine Sfeir et Denise Ammoun ; Dominique Fernandez, spécialiste de l’Italie et auteur aux éditions Philippe Rey d’un magnifique album sur le palais Sursock, illustré par les photos de Ferrante Ferranti (signature le 5 novembre à 17h, stand al-Bourj) ; Laurent Gaudé, dont Le Soleil des Scorta, prix Goncourt 2004, se déroulait dans le sud de l’Italie ; Frédéric Pichon et Manar Hammad, auteurs d’essais sur Maaloula et Palmyre ; sans compter de nombreux écrivains libanais francophones (Percy Kemp, Carmen Boustani, Mohamed Taan, Raja Choueiri, Lamia Ziadé, Mona Moukarzel, Sabine de Bustros, Caroline Hatem, etc.), arabophones (Hassan Daoud, Élias Khoury, Joumana Haddad Rachid al-Daïf, Imane Humaydane, Jabbour Douaihy…) et, phénomène nouveau, anglophones – comme Raymond Khoury, auteur de plusieurs best-sellers traduits en français, qui signera La malédiction des templiers le 31 octobre à 17h au stand de la librairie Antoine. Ces invités rencontreront leurs lecteurs et participeront à des tables rondes ayant pour sujet l’Égypte (2 novembre, 18h), la Palestine (31 octobre, 18h), les Mille et Une Nuits (1er novembre, 18h) et « La langue française et la Méditerranée » (le 29 octobre à 18h, avec Romain Vignest, Sophie Salloum, Ezza Agha Malak et Nadia Skandarani). Un hommage sera aussi rendu, à l’initiative de la Fondation Samir Kassir, au grand dessinateur et caricaturiste égyptien Mohieddine Labbad, disparu en septembre 2010 (5 novembre, 18h). Auteur méditerranéen par excellence, Albert Camus, dont on fête le cinquantenaire de la mort, sera également à l’honneur avec une exposition de photos (prêtées par Catherine Camus, sa fille, et par le Fonds Albert Camus), un jeu-concours Albert Camus et une rencontre avec Alain Vircondelet, auteur d’un remarquable Albert Camus, fils d’Alger, couronné par le prix Méditerranée 2010 décerné par le Centre méditerranéen de littérature présidé par André Bonet, présent au Salon pour animer le débat avec le biographe de Camus.

À cette pléiade d’auteurs « méditerranéens » s’ajoutent des écrivains français de renom comme Jacques Salomé, Frédéric Lenoir, David Foenkinos, ainsi que Jean-Paul Enthoven (Ce que nous avons eu de meilleur) et Éric Fottorino (Questions à mon père) qui répondront aux questions de Belinda Ibrahim, le 6 novembre à 16h, autour du thème « Le sens, la sensibilité et l’immortalité », et signeront leurs ouvrages chez Virgin à partir de 17h.

Vitalité de l’édition libanaise francophone

Comme pour démentir les pessimistes qui se plaignent du recul du français au Liban, plusieurs éditeurs libanais francophones proposent de nouvelles parutions à l’occasion du Salon. Les éditions Geuthner, qui avaient été reprises par un groupe d’investisseurs libanais et qui, sous la houlette de Myra Prince, continuent à publier des ouvrages de qualité, proposent ainsi un essai sur le poète libanais Maurice Awad, Le comté de Tripoli, état multiculturel et multiconfessionnel de Gérard Dedeyan et Karam Rizk, La société de Zghorta, structures socio-politiques de la montagne libanaise (1861-1975) d’Antoine Douaihy, et Le Pidgin Madam : une grammaire de la servitude de Fida Bizri, alors que les éditions Dergham poursuivent leur incursion réussie dans le monde de la francophonie et publient les œuvres de Ritta Baddoura (Ici désert), Laure Melki Akl (Faridé), Joseph Hatem (60 ans en blouse blanche), Hala Katrib (L’être d’amour), Mia Jamhouri (Laure dessine), Michèle Aoun (Le passe-temps), ainsi que la traduction en français d’un ancien texte sur Beyrouth (De Berytensi jureconsultorum), présenté par Joy Tabet. Fidèles au rendez-vous, les éditions Dar an-Nahar publient un Dictionnaire de la Constitution libanaise rédigé par un spécialiste en la matière, Béchara Ménassa, Mémoires d’outre-croyance par Abdo Kahi, Collier d’air de Michèle M. Gharios et la traduction de l’excellent essai sur Hindiya de Bernard Heyberger qui animera avec Charbel Dagher une conférence intitulée « Les maronites et le Mont-Liban au XVIIIe siècle » (30 octobre, 18h). De leur côté, les éditions de la librairie Antoine proposent un essai de César Nasr intitulé Des histoires pas comme les autres, un ouvrage du talentueux Nabil Mallat, intitulé Le périple de Maxime, et une pièce de théâtre en un acte, Cellules 80, de Natacha Antonellou Achkar, alors que la librairie Orientale publie un édifiant ouvrage intitulé Leçons particulières, souvenirs et récits de vie du professeur Antoine Messarra et Petites clefs pour grandes œuvres, recueil d’études critiques par Hoda Rizk Hanna. Quant aux éditions de la Revue Phénicienne, fondées en 1919 par le grand poète francophone Charles Corm, elles publient Raphaël Toriel (J’ai le cœur à Palmyre) et un ouvrage collectif sur l’œuvre d’Alain Tasso. Les éditions Tamyras publient enfin Beyrouth by day de Tania Hadjithomas Méhanna et Noir Beyrouth d’Émilie Thomas Mansour alors que les éditions Hatem et la librairie Samir publient des albums pour la jeunesse. À noter aussi que le prix Phénix de littérature, destiné à récompenser un auteur libanais francophone ou un auteur francophone écrivant sur le Liban et sponsorisé par la banque Audi-Saradar, sera décerné le 7 novembre à 19h.

Conférences et expos

Comme chaque année, le Salon accueille, aussi bien à l’Agora que dans les salles Schéhadé et Gibran, des rencontres animées par Gérard Meudal, Josyane Savigneau, Georgia Makhlouf, Iskandar Habache, Elsa Yazbeck ou Belinda Ibrahim, pour ne citer qu’eux. Les thèmes en sont variés : le massacre du patrimoine architectural de Beyrouth (le 31 octobre à 16h en présence du ministre de la Culture), Maaloula (2 novembre, 18h), la musicologie (2 novembre, 18h), l’écriture journalistique (le 4 à 18h), Proust et la peinture (le 5 à 17h, autour du livre de Nayla Tamraz), l’appauvrissement de la langue (le 6 à 18h avec Charif Majdalani, Percy Kemp, Chérif Choubachy et Georgia Makhlouf), la femme dans le tumulte de la guerre (avec le président Ghaleb Ghanem, Carmen Boustani et May Menassa, le 6 à 18h, salle Schéhadé), la Constitution libanaise après Taëf et Doha (le 5 à 17h, avec la participation du ministre de la Justice Ibrahim Najjar, de l’ancien président du CSM, Antoine Kheir, et de l’ancien ministre Bahige Tabbara), ou encore « Le Liban au Conseil de sécurité, nouvel acteur, ancien sujet » (le 7 à 18h, avec la participation du ministre Salim Sayegh, de l’ambassadeur de France Denis Pietton, d’Albert Cuevas Asarta, commandant en chef de la Finul, et de Fady Fadel, auteur d’un essai sur le sujet qu’il signera au stand de la librairie Le Point).

Concernant les métiers du livre, plusieurs rencontres sont prévues. Elles auront pour thèmes : l’avenir du livre numérique (2 novembre, 19h, et 5 novembre, 18h), les médiathèques et la conservation du patrimoine libanais (à 19h), les ateliers d’écriture (3 novembre, 19h) et les défis de la traduction (4 novembre, 19h). Au niveau des expos, les visiteurs pourront admirer 57 portraits d’écrivains suisses photographiés en noir et blanc par Yvonne Böhler (salle Schéhadé, exposition organisée par l’ambassade de Suisse), l’exposition « Bienvenue en Libania » conçue par Melkan Bassil, et l’exposition « Objectif livre ! » issue d’un concours photo destiné aux lycéens. L’Académie libanaise des beaux-arts (ALBA) propose de son côté des signatures d’albums réalisés par des étudiants et une expo intitulée « 7 jours en Égypte et 5 jours à Alep » qui réunit les photos de douze étudiants ayant visité Alep et l’Égypte en 2010 et 2008. Sur ce même stand, l’humoriste Samy Khayat signera son livre Connais-moi toi-même, guerre humour et franbaniaiseries, le 31 octobre à 17h.

Omniprésence de la poésie


Négligée par les éditeurs, la poésie est heureusement bien représentée au Salon de Beyrouth. Lectures et signatures sont prévues, qui permettront aux visiteurs de savourer les textes de l’incontournable Vénus Khoury Ghata, lauréate du Grand Prix de poésie de l’Académie française (récital le 6 novembre à 19h, signature à 20h), et ceux d’Antoine Boulad, Ritta Baddoura, Jean-Charles Depaule, Jean Salmé (29 octobre, 17h), Philippe Forget, Fady Noun et Hala Katrib (récital le 29 octobre, 16h), Ezza Agha Malak et Muriel Augry (1er novembre, 18h). Deux rencontres sont également prévues : l’une autour du poète Alain Tasso dont l’œuvre est analysée par Nimrod, Arkadiusz Plonka, Élie Yazbeck et Sabah Zouein (le 30 octobre à 17h), l’autre autour de Maurice Awad, célébré par Issam Assaf et Alain Tasso (le 30 octobre à 18h).

Jeunesse et BD à l’honneur

La jeunesse se détourne de la lecture ? Pour y remédier, les organisateurs ouvrent les portes du Salon aux écoles. En fonction du choix des enseignants, les élèves pourront bénéficier de trois types de visites entre 10h et 14h. Plusieurs éditeurs, auteurs et illustrateurs jeunesse dont Jean-Paul Mongin (« La philosophie à la portée des jeunes avec la collection Les Petits Platon »), Vincent Cuvellier, Alexis Ferier, Magdalena Guiaro Jullien, Stéphane Daniel, Pronto, Joanna Boillat, Anne-Laure Bondoux, Mario Ramos, Ralph Doumit, Hiba Farran, Eva M. Dietrich, Souad Khoury, Xavier Baghdadi, Frida Debbané, Nathalie Sfeir et Nathalie Zoghaib ont été invités à intervenir auprès du jeune public. Différentes animations seront proposées : un spectacle de slam par Lauréline Kuntz, la fresque de Beyrouth dessinée par Michèle Standjovski, le blog de Maya Zankoul en direct du stand de la Mission culturelle française, des interprétations musicales par les élèves du Conservatoire, sans oublier les conteuses Randa Abul Husn et Véronique Nader qui mettront en scène des histoires pour enfants… Côté BD, une exposition intitulée « Des bulles et des hommes » est proposée, qui nous entraîne au cœur de la bande dessinée francophone à travers des périodes-clés de son histoire. Erik Juszezak sera également présent pour signer les albums de la fameuse série Dantès.

Avec plus de 130 auteurs et 80 conférences et tables rondes au programme, cette 17e édition du Salon du livre s’avère riche et prometteuse. Elle devrait contribuer à réaffirmer l’attachement des Libanais à la francophonie et leur volonté de faire triompher la culture face à l’obscurantisme de ceux qui cherchent à tirer le pays vers le bas.

 

*Hommage à Mohieddine Labbad
avec Chérif Choubachy, Yves Gonzales, Farouk Mardam Bey, Mazen Kerbaj, Élias Sanbar, animée par Gisèle Khoury, le 5 nov. à 18h à l’Agora. Organisée par la Fondation Samir Kassir et L’Orient Littéraire.


*Une rencontre avec Alexandre Najjar animée par Gérard Meudal aura lieu le 29 oct. à 17h à l’Agora. Il signera tous ses ouvrages chez Dergham le 31 oct. à 15h.
Alexandre Najjar participera à la table ronde: « Écriture journalistique, écriture romanesque : quelles différences ? » avec Roula Azar Douglas, Karen Boustany et Belinda Ibrahim le 4 nov. à 18h, salle Gibran.

 
 
 
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