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Enquête
Les livres de la rentrée littéraire 2006
La course aux prix littéraires a déjà débuté! En primeur, treize romans parmi les plus importants de la rentrée à venir.

Par Lucie Geffroy
2006 - 07

Journal d’Hirondelle
Amélie Nothomb
Albin Michel


Pas de rentrée littéraire sans Amélie Nothomb ! L’extravagante romancière est une stakhanoviste de l’écriture qui dit se consacrer corps et âme à ses lecteurs... qui le lui rendent bien : Stupeurs et tremblements s’est vendu à 500 000 exemplaires. Dans son nouvel opus annuel, Journal d’hirondelle, à paraître fin août, Amélie Nothomb se prend pour une tueuse en série sur fond d’histoire d’amour... Un polar bref et incisif.

 

Dévorations et L’art du bref
Richard Millet
Gallimard


Deux livres de Richard Millet, que les Libanais connaissent bien, sortiront en septembre : le premier, Dévorations, huis clos noir et tourmenté, met en scène Estelle, la trentaine passée, exploitée par son oncle tenancier de l’unique auberge d’un village du Limousin. Un jour, arrive un nouvel instituteur, écrivain parisien adulé, qu’elle va désirer immédiatement alors que lui persistera à l’ignorer et à l’humilier... Ce roman, le meilleur à ce jour de Millet, mériterait largement le Goncourt !

Autre opus, L’art du bref se déroule aussi dans le Limousin et retrace la vie d’Antoine Coudert (1866-1910), photographe ambulant à l’étrange destinée qui trimbala inlassablement son regard de mariages en baptêmes avant de se suicider en buvant son révélateur. Moins une biographie qu’un songe, L’art du bref est aussi une réflexion sur la photographie, art par défaut, art modeste et art du bref.

 

Rendez-vous
de Christine Angot
Flammarion.


Chaque fois qu’un livre de Christine Angot sort, c’est l’événement. Détracteurs et adorateurs se déchaînent. Tout y passe. Autobiographe impudique, scribouilleuse narcissique versus écrivain talentueuse, tragédienne universelle... Rendez-vous risque de ne pas déroger à la règle. L’auteur y raconte son histoire d’amour avec Eric, acteur de théâtre. Pendant cinq ans, Eric est un admirateur caché d’Angot : il la lit, veut la connaître mais disparaît à chaque fois qu’il la voit. Rendez-vous commence à leur rencontre et décrit en instantané, au fur et à mesure que l’histoire se déroule devant nous, les atermoiements, les désirs, les déceptions de la relation. Christine Angot s’attache ici à peindre la folie amoureuse, à en décortiquer les illusions. Le style, plus apaisé et moins provocateur, que dans L’Inceste ou Les Désaxés, devrait séduire un public encore plus large que d’habitude.

 

Ni toi ni moi
de Camille Laurens
P.O.L.


Ça commence grâce à la radio. Hélène (la narratrice) lit un récit intitulé L’homme de ma mort. Un cinéaste entend sa voix et lui propose de travailler avec elle à l’adaptation de l’histoire à l’écran. S’ensuit une narration constituée principalement d’e-mails qu’Hélène adresse au cinéaste et qui fait alterner récits au passé, proposition de dialogue, fragments réflexifs sur l’incapacité d’aimer. Dans le prolongement de L’homme de ma mort (qui raconte une histoire de désamour), Ni toi, ni moi est une enquête sur la disparition de l’amour. Comment passe-t-on de « je t’aime » à « je ne t’aime plus », de « l’homme de ma vie » à « l’homme de ma mort », de l’éclat du premier regard au dégoût du dernier regard ? Deux romans après Dans ces bras-là – gros succès public transformé en best-seller par le prix Fémina en 2000 –, Camille Laurens nous livre un récit plein de promesses. 

 

Mémoires de porc-épic
d’Alain Mabanckou
Éditions du Seuil.


Mabanckou aime la parodie. On se souvient de ses Petits-fils nègres de Vercingétorix, pastiche de La Guerre des Gaules, ou encore de son très bret easton ellisien African Psycho. Dans Mémoires de porc-épic, Mabanckou parodie librement une légende populaire selon laquelle chaque être humain possède un double animal dans la nature et nous livre l’histoire d’un étonnant porc-épic, chargé par Kimani (son alter-ego humain) d’accomplir toute unr série de meurtres rocambolesques à l’aide de ses redoutables piquants. D’origine congolaise, Alain Mabanckou enseigne la littérature francophone et afro-américaine à l’université du Michigan. Il fait partie de cette jeune génération d’écrivains qui vit loin du continent africain et choisit la fiction pour parler autrement de son pays. Verre Cassé lui avait valu en 2005 le Prix des Cinq continents.

 

La fin des paysages
de Luc Lang
Stock


Ambitieux et foisonnant, La fin des paysages a pour point de départ le quartier des docks à Liverpool dans les années 1980. On prépare l’exposition Un siècle d’africanisme. Mais un vol survient au moment du débarquement du cargo qui transportait les œuvres d’art africain. Martin Finley, le jeune assistant du commissaire de l’exposition, va mener l’enquête. À travers un récit chaotique (dépourvu de signes de ponctuation), Luc Lang nous parle de relations conflictuelles entre deux frères, de l’opposition Nord/Sud, d’un capitaine du port qui refuse qu’on transforme les docks en un lieu de culture, d’une Angleterre dépérissante qui s’intéresse à son passé glorieux... Enseignant aux Beaux-arts, Luc Lang est l’auteur de Mille six cents ventres (Prix Goncourt des lycéens, 1998), Les Indiens (2001) et 11 septembre, mon amour (2003). La fin des paysages est son septième roman. 

 

Lignes de faille
de Nancy Huston
Actes Sud


Lignes de faille est un quatuor. Quatre voix s’y recoupent : celles de Sol, Randall, Sadie et Kristina, tous âgés de six ans mais dont chacun est le parent du précédent. Même s’il n’y a pas grand-chose de commun entre eux, l’auteur montre que de l’arrière grand-mère, fillette allemande des années 1940, au petit garçon, Californien du XXIe siècle, chacun souffre des séismes politiques ou intimes subis par la génération précédente. Hymne à la résistance et à la mémoire, Lignes de fuite balaie un demi-siècle d’histoire et nous fait passer de San Francisco à Munich, de Haïfa à Toronto et New-York. Romancière et essayiste, Nancy Houston est d’origine canadienne mais vit à Paris depuis de nombreuses années. Elle a publié une dizaine de romans dont L’Empreinte de l’ange, Instrument des ténèbres (prix Goncourt des lycéens 1996) et Le Cantique des plaines.

 

Tumulte
de François Bon
Fayard


Avant d’être un livre, Tumulte aura été un site Internet, « tumulte.net ». Pendant un an, François Bon - pionnier du web et créateur du site littéraire « tumulte.net  »- a mis en ligne jour après jour divers textes. Le résultat c’est ce roman d’initiation très autobiographique où se mélangent souvenirs, rêves, fragments de vie, désirs enfouis, rencontres fortuites, explorations inconscientes et où les visages et les personnages sont perpétuellement chahutés par la forme narrative et les superpositions de temporalité. Ancien ingénieur en mécanique, François Bon se consacre entièrement à la littérature depuis son premier ouvrage Sortie d’usine (1982). Lauréat de nombreux prix littéraires (Académie de France à Rome, Villa Médicis, etc.), il anime des ateliers d’écriture auprès d’étudiants, d’enseignants et de publics en grande difficulté sociale.

 

Panthéon
de Yann Moix
Grasset


Il y a du beau monde au panthéon du petit Yann. Péguy, Sacha Guitry, Roberto Rossellini, édith Stein, Thérèse de Lisieux, Jean-Paul Marat, François Mitterrand, etc. Tous sont les personnages principaux du nouveau livre de Yann Moix aux allures de roman d’apprentissage et au style très célinien. Le narrateur (Yann Moix) y relate son enfance à Orléans dans une famille de petits bourgeois réactionnaires. Pour échapper à son sort d’enfant battu et survivre dans son cloaque provincial, Yann s’invente donc un panthéon...Chacun de ces « panthéonisés » devient le prétexte de petits romans qui s’incrustent dans la narration. Prix Goncourt du premier roman pour Jubilations vers le ciel, Yann Moix est aussi un cinéaste comblé par l’énorme succès de Podium, adaptation de l’un de ses romans.

 

Disparaître
de Patrick et Olivier Poivre d’Arvor
Gallimard


L’un (Patrick) est le célébrissime présentateur du journal de 20 heures et d’émissions littéraires. L’autre (Olivier), diplomate, est directeur de l’Association française d’action artistique. écrivains, frères, très proches l’un de l’autre, ils écrivent régulièrement à quatre mains. Ensemble, ils ont signé entre autres Courriers de nuit, Coureurs des mers, Le monde selon Jules Verne, un très bel ouvrage sur Saint-Exupéry et un roman Frères et sœur en hommage à leur sœur. Disparaître parle d’un homme victime d’un grave accident, sur le point de mourir et qui est assailli par ses souvenirs d’enfance, d’exils et de fugues. N’a-t-il jamais cessé de fuir, de vouloir se détruire ? Ce livre, qui raconte les derniers jours de Lawrence d’Arabie, sera l’un des titres phares de la rentrée chez Gallimard.

 

Le chat botté
de Patrick Rambaud
Grasset

 
Ce roman doit son titre non pas à Perrault mais à la duchesse d’Abrantès qui, lorsque, petite, vit le jeune Napoléon en bottes et uniforme, elle éclata de rire en s’écriant : « Le chat botté ! » Le surnom est resté et a plu tout de suite à Patrick Rambaud qui entreprend ici de raconter l’ascension de Napoléon. Général en disgrâce, à 25 ans, il monte à Paris. 1795 : chute de Robespierre, le pays est livré au chaos. En une saison, Napoléon écrase une émeute royaliste au canon, épouse la vicomtesse de Beauharnais et se retrouve bientôt à la tête de l’armée d’Italie...Né en 1946, Patrick Rambaud est l’auteur d’une trentaine de livres. On lui doit chez Grasset une trilogie romanesque consacrée à la fin de l’Empire : La Bataille (prix Goncourt), Il neigait et L’Absent.

 

Julien Parme
de Florian Zeller
Flammarion

 
Un peu dandy, un peu homme pressé mais écrivain de talent, Florian Zeller, 26 ans, a obtenu le prix Interallié 2004 pour La fascination du pire. Son nouveau roman raconte l’histoire de Julien Parme (le narrateur), 14 ans, véritable héritier du héros de Salinger Holden Caulfield, qui nous emmène dans une fugue picaresque où vont résonner les doutes et les vertiges des premiers instants de liberté. Petit aperçu : « C’est pas pour me vanter, mais des trucs comme ça, des trucs aussi incroyables que celui que je vais vous raconter, ça n’arrive pas tous les jours. Même ça n’arrive jamais. C’est pour ça que j’en parle. Parce que moi, je ne suis pas du genre à baratiner les autres avec ma propre vie. Question de style. »

 

Cinquante ans passés
Jean-Marc Roberts
Grasset

 
Douze ans après, trois amis de lycée se retrouvent un soir sous prétexte de se rendre à l’anniversaire d’un autre... où ils finiront d’ailleurs par ne pas aller. Dans la voiture, il y a Jean-Louis, le notaire alcoolique qui a réussi, Richard, un chanteur qui a raté sa carrière, et le narrateur, écrivain et patron d’une maison d’édition (tout le monde aura reconnu l’auteur lui-même). Pendant le trajet, les trois copains évoquent leurs souvenirs, parlent de leurs conquêtes, de leurs désillusions, en écoutant les chansons qui ont rythmé leur vie. Ils décident de s’offrir un dernier frisson en commun. Doux et imprévu, Cinquante ans passés pourrait être un sérieux candidat au Goncourt.

 

 
 
© Hayat Karanouh
 
2020-04 / NUMÉRO 166