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2020-04 / NUMÉRO 166   RÉAGISSEZ / ÉCRIVEZ-NOUS
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Enquête

Le Salon du livre arabe de Beyrouth devait se tenir en décembre passé et célébrer ses 50 ans d'activité ininterrompue. Il aura finalement lieu du 12 au 22 avril 2007. À l’heure où Abou Dhabi organise, en partenariat avec la Foire de Francfort, l’un des plus grands Salons du Moyen-Orient, comment a-t-il évolué ces dernières années?et que propose-t-il aujourd'hui??

Par Carla HENOUD
2007 - 04


C’est un jubilé d’or plus sobre que prévu, en raison des circonstances actuelles, qui sera célébré au BIEL, du 12 au 22 avril, dans le cadre du Salon du livre arabe. Les organisateurs tentent, malgré toutes les confirmations qui tardent à venir, les nombreuses annulations et une situation incertaine, de donner à l’événement l’importance qu’il mérite.  «?Nous avons, au même titre que les différents organismes économiques et culturels, ressenti les conséquences de cet été et de l’année en cours. Que ce soit dans la participation ou dans l’organisation ou encore dans la mise sur pied d’un programme...?». 50 ans d’un travail continu, sans aucune absence signalée, en dépit de la guerre, c’est un événement qui se fête. Malgré un climat morose qui déteint sur toutes les activités du pays, les organisateurs demeurent fiers de leurs 200 participants venus du Liban, d’Arabie saoudite, du Koweït, du sultanat d’Oman et d’Algérie. Seront présents cette année des maisons d’éditions libanaises et arabes, des centres de recherches, des centres culturels, des universités saoudiennes et koweïtiennes, des librairies, des ministères d’Éducation et de Culture, des institutions arabes et des écrivains célèbres. Fidèle à ses objectifs initiaux, le Salon poursuit sa démarche avec le même désir de promouvoir la lecture au Liban et dans le monde arabe, s’intéressant particulièrement à la jeunesse qui  «?est le visiteur de demain et qui représente ?l’avenir d’un pays?», affirment les responsables.  «?590 établissements scolaires sont invités pendant la durée du Salon. Une quarantaine viennent, de tous les coins du Liban, assister à des projections et des conférences.?» 

Une fusion bénéfique

Le Salon du livre arabe a été inauguré au West Hall de l’Université américaine de Beyrouth en 1956, à l’instigation du Club culturel arabe et de son président, le professeur Samih el-Baba, qui a posé la première pierre de l’? «?édifice?», en sa qualité de président-directeur général. Parmi les premiers participants, Dar Beyrouth, la Librairie Orientale, Dar al-Kitab al-Arabi et la Librairie du Liban. Il s’est poursuivi dans ce lieu mythique durant dix années.  «?La vocation du Salon était alors d’exposer des livres et non de les vendre?», explique le Dr Adnan Hammoud, directeur du Club culturel arabe, directeur du Salon du livre arabe depuis 15 ans et professeur de sociologie à l’Université libanaise.?Le nombre d’exposants se multipliant rapidement, et Beyrouth confirmant sa place de capitale du livre arabe, il a fallu se déplacer à l’Université arabe de Beyrouth, puis au palais de l’Unesco. De 1973 à 1993, le Salon s’est tenu au ministère du Tourisme, avant de déménager à Expo Beyrouth, à Aïn el-Mreyssé, et ce jusqu’en 2004.  «?De 300 m2 au West Hall, nous sommes passés à 13?000 m2?! Le nombre de maisons d’édition intéressées par l’événement n’a cessé de croître. De 10, elles sont aujourd’hui plus de 200, dont 160 éditeurs libanais.?»?Sa fusion, il y a trois ans, avec le Salon du syndicat des éditeurs, qui lui faisait concurrence, a confirmé la nécessité d’un espace aussi grand?:  «?Il était logique, voire indispensable, de réunir nos efforts sous une même bannière, qui est le Salon du livre arabe. Les tâches sont bien définies?: nous nous chargeons de la gestion, le syndicat des contacts extérieurs. Les frais ont diminué pour les maisons d’édition qui participaient aux deux expositions à quelques mois d’intervalle. Elles peuvent aujourd’hui, avec l’argent économisé, éditer plus de livres. D’autre part, le public n’a plus à s’éparpiller. Nous aurions également souhaité, souligne notre interlocuteur, que les Français se joignent à nous dans cette démarche...?Mais les circonstances actuelles ne nous ont pas permis de concrétiser ce projet.?» Confortablement installé au BIEL depuis deux ans, le Salon peut ainsi se déployer en de nombreux pavillons et proposer un espace important à chacun de ses participants.  «?Depuis 2004, j’ai décidé de réunir deux à trois maisons d’édition par stand. Pour les visiteurs, faire le tour de 204 pavillons était très difficile et fatigant. Aujourd’hui, je leur en propose 130. L’espace est plus vaste, et la circulation plus facile, pour le même nombre d’exposants.?» L’ambitieuse idée d’un Salon vraiment international, comportant un volet professionnel, n’a pas été abandonnée. Mais elle suppose un minimum de stabilité et de sécurité.

Changement de programme

 «?Initialement, explique le Dr Hammoud, en mettant sur pied le programme de cette année, nous voulions célébrer ce jubilé d’or à travers d’importantes manifestations culturelles, artistiques et musicales. Mais à cause de la guerre de juillet, nous avons dû annuler ces festivités. Aujourd’hui, le programme, plus restreint, se résume à quelques soirées poétiques, avec Mohammad Ali Chamseddine, Mahmoud Darwich, Chaouki Bzeih, Jaoudat Fakhreddine et Lamaa’ el-Hoss, ainsi que des tables rondes, des rencontres et des conférences.?Nous aurons la présence de personnalités prestigieuses dont le Dr Marwan Iskandar et l’acteur Rafic Ali Ahmad. Un hommage sera rendu à Maï Ghossoub, fondatrice de la maison d’édition Dar al-Saqi, disparue cette année. Et à Samih el-Baba, qui, depuis 50 ans, dépense une grande énergie à développer cette importante manifestation culturelle.?» 

Les Allemands, représentés par le Goethe Institute et par la Foire du livre de Francfort (qui a préféré Abou Dhabi à Beyrouth?!), seront les grands absents de ce Salon où il était prévu d’organiser quotidiennement des activités culturelles, des jeux éducatifs pour les enfants, des spectacles et des marionnettes. Mais ce n’est que partie remise… 

L’an dernier, 300?000 visiteurs ont été recensés, malgré un rendez-vous endeuillé durant trois jours par la mort de Gebran Tuéni.  «?Nombre de visiteurs viennent pour regarder, 30 à 40 % d’entre eux achètent, ce qui constitue une bonne moyenne.?Avec la variété de titres que nous leur proposons, ils ont la liberté de choisir ce qu’ils veulent, en fonction de leur goût et de leur budget.?» Les organisateurs espèrent cette année une fréquentation similaire, malgré la crise politique qui paralyse le pays.  «?Tout est en rapport avec la situation locale. Tout ira bien, inchallah?!?» conclut le directeur du Salon, résolument optimiste.


 
 
Malgré une situation incertaine, les organisateurs se montrent résolument optimistes
 
2020-04 / NUMÉRO 166