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2020-04 / NUMÉRO 166   RÉAGISSEZ / ÉCRIVEZ-NOUS
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Enquête
Les romans de la rentrée 2007


Par Lucie Geffroy
2007 - 08

Déjà la rentrée littéraire ! Cette année, en vue du Goncourt ou d’un autre prix prestigieux, les éditeurs français proposent 493 romans français (contre 475 en 2006), dont les livres très attendus de Charif  Majdalani, Yasmina Traboulsi et Yasmine Ghata sur lesquels nous aurons l’occasion de revenir. L’Orient Littéraire a mené l’enquête pour localiser les titres les plus prometteurs.


Ni d’Ève ni d’Adam, d'Amélie Nothomb, Albin Michel

Une rentrée littéraire sans Amélie Nothomb est impensable. Celle qui se définit comme une « graphomane malade de l’écriture » nous gratifie chaque automne d’un nouveau roman dont le contenu est gardé secret jusqu’au dernier moment. On sait tout de même qu’avec Ni d’Ève ni d’Adam, l’auteur revient sur sa jeunesse à Tokyo, huit ans après Stupeurs et tremblements qui lui a valu le grand prix du roman de l’Académie française.


Je m’appelle François, de Charles Dantzig, Grasset

Il s’appelle François Darré. C’est un homme intelligent – devenu un temps bouffon télévisuel. C’est surtout un imposteur. Un vrai. Après Nos vies hâtives et son fameux Dictionnaire égoïste de la littérature, Charles Dantzig raconte ici la carrière fulgurante de François le débauché. De l’adolescence à l’âge adulte, de 1980 à nos jours, de Paris à Dubaï en passant par Hollywood, François s’invente voyou, séducteur ou encore écrivain comme pour mieux se fuir à lui-même. Ce faisant, Dantzig pose la question : n’y a-t-il pas autant d’imposteurs que d’hommes ?


Le rapport de Brodeck, de Philippe Claudel, Stock

En signant le portrait d’un antihéros singulier et attachant, Philippe Claudel renoue ici avec l’ambition et l’ampleur de son roman le plus célèbre Les âmes grises (prix Renaudot en 2003). Personnage énigmatique, Brodeck écrit de brèves notices sur l’état de la flore, des arbres, des saisons, du gibier, de la neige et des pluies, puis il les envoie consciencieusement sans savoir si elles arrivent bien à destination. Un jour, le maréchal-ferrant du village lui demande d’écrire tout autre chose. Engagé dans ce qui aurait dû être une simple consignation des événements du village, Brodeck se lance dans une dangereuse quête de la vérité.


Tom est mort, de Marie Darrieussecq, P.O.L.

Dix ans ont passé depuis que Tom est mort. Il avait quatre ans et demi. Dix ans à y penser sans cesse, chaque minute du jour et de la nuit. Mais pour la première fois depuis le drame, quelques moments passent sans que la mère de Tom ne songe à lui. Alors pour empêcher l’oubli (ou pour l’accomplir), elle décide d’écrire l’histoire de Tom, l’histoire de sa mort. Elle fouille sans relâche l’avant et l’après-Tom, la souffrance insoutenable, le passage à la folie. Après avoir exploré l’expérience de la maternité dans Le pays et Le bébé, Marie Darrieussecq, née en 1969, s’immerge dans l’innommable expérience du deuil, éveillant une intense émotion chez le lecteur.


J’ai tant rêvé de toi, d'Olivier et Patrick Poivre d’Arvor, Albin Michel

Dans Disparaître (Gallimard, 2006), les frères Poivre d’Arvor avaient entrepris de raconter les derniers jours du mythique Lawrence d’Arabie. Avec leur nouveau roman, J’ai tant rêvé de toi, ils rendent hommage à Robert Desnos, disparu dans le camp de Terezin en 1945. On y suit une jeune femme, Youki, en quête de ses origines. Son arrivée à Prague en 1995 permet de revenir sur les moments tragiques de l’histoire de la région : la mort de Robert Desnos mais aussi l’insurrection de Prague contre les Soviétiques à l’été 1968. En 2005, les auteurs avaient signé un autre roman-hommage : Le monde de Jules Verne (Mengès).


L’Orient désert, de Richard Millet, Mercure de France

C’est au cours d’une crise intérieure et amoureuse de l’été 2006 que naît ce récit de Richard Millet où se confrontent tous les lieux et thèmes marquants de son œuvre. Le Liban, la Corrèze, les paysages arides, l’excès, la foi, la langue, l’amour, la solitude, etc. Dans cet Orient désert, le voyage intérieur se double d’un voyage halluciné dans le Beyrouth des derniers jours de la guerre de juillet, mais aussi dans les villes chrétiennes de la montagne. En filigrane de ce vrai faux récit de voyage émerge une question : qui suis-je ?  


Nuit ouverte, de Clémence Boulouque, Flammarion

À tout juste 30 ans, Clémence Boulouque signe son troisième roman et un magnifique double portrait : celui de Regina Jonas, la première femme rabbin au monde, décédée à Auschwitz en 1944, et celui d’Élise Lermont, une jeune actrice qui l’incarne au cinéma quelques décennies plus tard. En prenant conscience des activités troubles de ses grands-parents pendant l’Occupation, Élise découvre une page sombre du roman familial. À travers son rôle, elle espère laver une culpabilité muette, mais réalise petit à petit que la vie de Regina Jonas la bouleverse bien au-delà de ce qu’elle avait imaginé.


L’aube, le soir ou la nuit, de Yasmina Reza, Flammarion

Par son immense potentiel médiatique, L’aube, le soir ou la nuit sera l’un des titres phares de la rentrée 2007. L’actrice, romancière et auteure de pièces de théâtre Yasmina Reza a suivi le candidat Nicolas Sarkozy pendant des mois, dans des circonstances inédites de liberté et de proximité. Son récit se présente comme le portrait d’un homme à la conquête du pouvoir. Les pièces de Yasmina Reza telles que Conversations après un enterrement ou Une pièce espagnole connaissent un succès planétaire.


L’amour avant que j’oublie, de Lyonel Trouillot, Actes Sud

À bientôt cinquante ans, l’aspirant poète dont on aimait se moquer est devenu un écrivain reconnu. Dans l’assistance d’un colloque littéraire auquel il participe, il aperçoit une jeune femme à qui il a soudain besoin de raconter une histoire. Son histoire. Mais pour ce grand timide qui sent que la jeunesse est en train de déserter son corps, toute parole semble périlleuse, trop nue. Il se résout donc à lui écrire une lettre. Pour l’écrire, il dispose du temps que dure le colloque. Acteur passionné de la scène francophone, le romancier et poète haïtien Lyonel Trouillot abandonne ici la veine « engagée » de son écriture pour nous livrer une superbe méditation sur l’imaginaire, l’amour et la mémoire.


Il n’y a personne dans les tombes, de François Taillandier, Stock

Dans ce troisième volume de La grande intrigue, François Taillandier renoue avec ses personnages d’Option paradis (Stock 2005) et Telling (Stock 2006). Des cousins amants, un coiffeur juif parisien et un jeune Africain qui rêve de devenir écrivain gravitent autour du QG de campagne d’un candidat à la présidentielle. François Taillandier raconte leurs destins croisés, révélant leurs mystères intimes et leurs désirs étouffés par une société de plus en plus normative.


Sans l’orang-outan, d'Éric Chevillard, Minuit

Éric Chevillard s’était déjà fait remarquer par son humour décapant dans les titres Mourir m’enrhume (Minuit, 1987) et Oreille rouge (Minuit, 2005). Disciple prolifique de l’antiroman, l’auteur de Démolir Nisard (2006) revient avec un drôle de récit dont le personnage principal est un orang-outan, figure antiromanesque s’il en est. Que serait un monde sans orangs-outans ? C’est cette question incongrue qui fonde le nouveau roman d’Éric Chevillard. Et si la cohésion de l’univers ne tenait qu’à un cheveu ou plutôt à un poil roux d’orang-outan ?


Birmane, de Christophe Ono-dit-Bio, Plon

Né en 1975, Christophe Ono-dit-Bio est rédacteur en chef du secteur culture au magazine Le Point, normalien et agrégé de lettres. Il publie à la rentrée Birmane, l’histoire passionnante d’un jeune homme qui se rend dans le pays de tous ses fantasmes avec un projet fou : décrocher l’interview du plus grand trafiquant d’opium de tous les temps. Un scoop sans prix. Double problème : César est un amateur, et la Birmanie une dictature. De la jeunesse dorée de Rangoon aux ethnies du Triangle d’or, des villages lacustres du lac Inle à la vallée des Rubis, voici l’itinéraire aventureux d’un héros de notre temps, en quête d’amour et d’absolu…

 
 
 
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