Un nom qui a toutes les consonances libanaises, mais dont la voix de l’écriture vient du Venezuela ! Garam Mattar, né à Yaracuy, l’un des vingt-trois États du Venezuela et dont la capitale est San Felipe, a plusieurs cordes à son arc et porte plusieurs casquettes, avec panache et distinction.

De l’architecture du dessin d’intérieur à la gastronomie, de la rédaction dans plusieurs magazines et journaux en langue ibérique aux postes universitaires les plus prestigieux (il est directeur de culture de l’Université Alejandro de Humboldt à Caracas, ainsi que membre d’honneur de l’Université américaine de Beyrouth), son talent multiple s’étend aussi à cet essai, pertinent et bref, intitulé L’Homme et le Temps, traduit et adapté de l’espagnol par Myriam Bahout.

Contre toute attente, en exergue, une phrase du musicien Hector Berlioz : « Le temps est un grand maître, dit-on : le malheur est qu’il en soit un maître inhumain qui tue ses élèves. » Phrase terrible et si vraie pour nous tous communs mortels. Mais avant cette ultime heure qu’est la mort, il y a l’emploi, la familiarité, le compagnonnage, l’organisation et la planification avant que ce sablier ne cède la fatalité de son dernier grain de sable ou que cette épée de Damoclès ne nous tombe carrément sur la tête !

 

Le livre de Garam Mattar avec la préface de Nabil Younes forment un essai pétri de sagesse et d’une certaine érudition dans son sens du détail devant l’inéluctable, voilà une approche judicieuse du temps. 

Cosmique, historique ou individuel, le temps, s’il hante les hommes, n’en est pas moins un mobile et un moteur de dépassement. Toutes les civilisations en ont parlé et chacun a construit ses mythes et légendes autour de ce thème dévorant, si insaisissable et inexplicable…

Le propos de Garam Mattar est d’évoquer la fuyante mesure du temps. En approchant à petits pas, en le fragmentant, en l’arithmétisant. D’Aristote à Newton, en passant par le XVIIe siècle, pour aboutir à la théorie de la relativité en 1905, le temps reste l’énigme que nul n’élude. Définitivement ! Même la littérature, avec Proust et sa madeleine, n’a pas pu le rattraper… Pas plus d’ailleurs que Virginia Woolf, Oscar Wilde ou Gabriel García Márquez qui ont tous été taraudés par la notion du temps. Et les philosophes, Bergson en tête, n’ont eu non plus une réponse claire… 

Voilà un ouvrage qui sort du rang avec une précieuse documentation méticuleusement fouillée. Laissez-vous tenter par cette lecture, à la fois originale et savante. Prenez le temps pour découvrir le temps…

L’Homme et le temps de Garam Mattar, traduit de l'espagnol par Myriam Bahout, Raidy Printing Group, 2020, 91 p.