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Poésie
Le printemps retenu


Par Antoine Boulad
2007 - 01


Pas d’images fulgurantes ni d’éclairs brûlants dans la poésie de Mirna Hanna. Pas de recherche formelle dans son écriture ni d’élan vers une langue poétique nouvelle. Rien de rutilant ni de captivant qui nous forcerait, tête baissée, à nous détourner, sans espoir de retour, de tout ce monde compromis et prosaïque... Et pourtant, quelque chose comme un secret essentiel couve sous la cendre et court entre les vers de ces poèmes retenus dont l’étrange beauté ne se laisse point appréhender par le lecteur hâtif.
Et c’est d’amour qu’il s’agit de bout en bout de ces Printemps nus :

« Nous étions coincés ensemble dans le rai de lumière
il faut des millénaires et nos corps pour faire mourir le monde
qui sourit dans mes espadrilles bleues
Nous bâtirons un temple avec nos questions irrésolues
Avec ton passé lourd de crimes d’honneur
Que savons-nous de ce poulpe qui écrase les étoiles
Son encre crachat nous répudie incestueusement. »


Un amour où « nos mains se mêlaient aux cendres de l’infini », un amour quelque peu amer, mais non point désabusé, un amour lucide, les yeux écarquillés entre le conscient et l’inconscient, entre la promesse et l’instant. Un amour où prime la quête de soi car « ce que l’amour peut donner n’est qu’un vent de pacotille » et que, « en regardant dans tes yeux, c’est moi que j’oubliais de chercher ». Difficulté d’être puisque « ce sont nos riens que l’on prend pour le monde ». Également quête de ce bonheur qu’il faut « surprendre de la chute infinie ».
Il y a comme un récit d’un été meurtri dans ce recueil. Au départ, « la mariée pendait inanimée le long de son mouchoir ». Puis « nous faisions des bouquets sauvages de bonheur d’être ». Ensuite, « nous n’aurions jamais besoin de rien ». Enfin, « mon amour, même si je n’aime que moi, à l’instant où tu m’aimeras je te désavouerai ».
Mais la poète, forte de la « banquise de mon cœur », elle dont « la plume tangue » entre « mes deux moi » élague pour se forger une langue percutante, élague jusqu’à ne garder que la poésie essentielle.

 
 
 
BIBLIOGRAPHIE
Les printemps nus de Mirna Hanna, L’Harmattan, 2006
 
2020-04 / NUMÉRO 166