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2020-04 / NUMÉRO 166   RÉAGISSEZ / ÉCRIVEZ-NOUS
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Roman
Nicolas Fargues : l’amour à nu


Par Zéna Zalzal
2006 - 07



Après Demain si vous le voulez bien, Nicolas Fargues avait manifesté le désir d’écrire un jour sur les hommes, « sur la lâcheté des hommes. Une histoire qui tentera d’explorer tous les côtés négatifs, les défauts les plus inavouables d’un homme qui me ressemble beaucoup ». Puis dans One Man Show, une satire du milieu médiatico-littéraire en France, il abordait les faiblesses et trahisons d’un homme empêtré dans ses rapports amoureux. Avec J’étais derrière toi, son dernier roman, l’auteur trentenaire va encore plus loin dans l’exploration des failles et des fragilités du mâle contemporain.

Dans un long monologue, mi-journal, mi-confession, le narrateur raconte la déchirure de son couple : l’infidélité, l’humiliation, la jalousie, l’écroulement des illusions... Bref, la souffrance amoureuse côté mâle. Jusque-là, rien d’inédit sinon que Fargues ne se contente pas simplement de narrer une histoire de séparation et de rencontre, mais s’attaque aux rapports de couple, victimes du nouveau pouvoir des femmes.

Alexandrine, l’épouse du narrateur, et double fictif de l’auteur, est de ces femmes exigeantes, impressionnantes, qui vous rendent coup pour coup. En l’occurrence coup de poignard pour coup de canif. De vengeance en incommunicabilité, de blessures d’ego en intransigeance, les rouages de la machine conjugale finissent par se dérégler, inversant les rôles et provoquant la rupture. Sauf qu’en irréductible romantique ou en incorrigible récidiviste, le narrateur voit à nouveau, quand Alice fait irruption dans sa vie, une promesse de bonheur. «  Ero dietro di te » ou « j’étais derrière toi » : ces quelques mots griffonnés, accompagnés d’un numéro de téléphone, lui parviennent à la fin d’un repas dans un restaurant en Italie. Et voilà que la machine à rêve s’emballe !

Nicolas Fargues, qui se place au premier plan de son livre au moyen du « je » narratif, se dénude sans indécence ni vulgarité pour nous faire pénétrer dans l’intimité d’un homme d’aujourd’hui. Tiraillé entre désirs, idéalisme, peur de perdre son identité et recherche amoureuse, il brosse un portrait fidèle, tracé d’un trait vif, direct, nerveux, d’un homme de la « nouvelle génération ». Probablement le meilleur roman de Nicolas Fargues à ce jour !

 
 
© John Foley / Opale
 
BIBLIOGRAPHIE
J’étais derrière toi de Nicolas Fargues, P.O.L., 217 p.
 
2020-04 / NUMÉRO 166