FEUILLETER UN AUTRE NUMÉRO
Mois
Année

2020-04 / NUMÉRO 166   RÉAGISSEZ / ÉCRIVEZ-NOUS
CHERCHER SUR LE SITE
 
ILS / ELLES
 
LIVRES
 
IMAGES
 
Au fil des jours...
 
Roman
L’Orient au cœur


Par Wadih AUDI
2006 - 11



Il fut un temps où l’Orient faisait rêver les hommes, mais aussi les femmes d’Occident qui s’y rendaient volontiers malgré les conditions difficiles qui les y attendaient. Dans un album abondamment illustré et fort bien documenté, Barbara Hodgson s’est penchée sur les voyageuses d’Orient du XVIIIe siècle jusqu’au début du XXe. La première à avoir associé l’Orient à la liberté fut lady Mary Wortley Montagu, en 1717. Au cours de son voyage en Turquie qui se déroula au moment de la première traduction en français puis en anglais des Mille et Une Nuits, elle écrivit de longues lettres dans lesquelles elle « restituait l’atmosphère envoûtante des nuits arabes ». Ses lettres influencèrent plusieurs générations d’Occidentales qui s’en inspirèrent pour leurs propres voyages.

Parmi les raisons qu’invoquaient ces femmes pour partir en Orient, certaines nous intéressent plus particulièrement : la volonté d’échapper à un destin tout tracé, la curiosité, l’envie de voir le monde. À leurs yeux, l’Orient était un musée vivant, et les peuples, les objets et les traditions de cette vaste région représentaient un passé héroïque et idéalisé. Les Mille et Une Nuits était la porte magique ouverte sur le passé. Mais certaines aventurières revenaient parfois déçues par cet Orient si différent de celui qu’elles avaient rêvé et qui ne recelait pas tous les nobles idéaux, les fantasmes et l’histoire vivante qu’elles en attendaient... Reste que le voyage de ces Occidentales – qui n’étaient pas toujours des aristocrates – leur permettait de s’évaluer et de réfléchir sur le rôle qu’elles pouvaient jouer en société ; il leur prouvait qu’elles étaient capables de conduire leur propre vie. Rêvant d’indépendance, elles se trouvaient libres de leurs mouvements, voyaient leurs opinions respectées et étaient traitées avec toute la déférence qu’elles méritaient.

Ayant fait un état des lieux de cet Orient appelé Levant avant de devenir le Moyen-Orient, Barbara Hodgson évoque l’évolution de la femme européenne, les voyages culturels, les harems et les rapports entre les Occidentales et les Orientaux. Elle dresse de beaux portraits d’une douzaine de voyageuses orientalistes, dont celui de la très intéressante princesse Cristina di Belgiojoso qui séjourna brièvement au Liban, et, bien entendu, celui de lady Hester Stanhope. Entre 1839 et 1920, nous rappelle l’auteur, plus de deux cents ouvrages furent rédigés par des femmes européennes sur leur périple en Orient. N’est-ce pas là la preuve éclatante de la fascination qu’exerce depuis toujours cet espace de rêve et de liberté ?

 
 
 
BIBLIOGRAPHIE
 
2020-04 / NUMÉRO 166