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2020-04 / NUMÉRO 166   RÉAGISSEZ / ÉCRIVEZ-NOUS
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Roman



Par Wadih AUDI
2006 - 12


Considéré comme l’un des meilleurs écrivains américains, John Irving, (né en 1942 à Exeter, New Hampshire) est l’auteur d’une dizaine de romans dont le fameux  Le monde selon Garp,  L’Œuvre de Dieu, La part du diable,  Une prière pour Owen  et  La quatrième main.  Son onzième roman,  Je te retrouverai, est  le premier où, en pleine maturité, il se décide enfin à utiliser certains éléments biographiques (son viol à dix ans par une jeune fille de vingt ans, l’absence de son père qu’il n’a jamais connu, mais qu’il a pu découvrir après sa mort grâce à un frère qui s’est manifesté pendant qu’il écrivait son roman, son amour de la  lutte, l’écriture, le cinéma,...). Irving y raconte l’histoire de Jack Burns depuis l’âge de quatre ans jusqu’à l’âge adulte. Tout commence à Leith, en Écosse, ville où Alice, jeune choriste et fille d’un père tatoueur, rencontre William Burns, passionné d’orgue, et tombe enceinte de lui. Avec leur bébé, prénommé Jack, ils s’installent à Halifax, Canada, mais très tôt, William Burns fuit à Toronto où il est engagé comme organiste titulaire et où il donne des leçons de piano aux élèves de Sainte-Hilda. Alice le suit bientôt à Toronto, mais William a déjà fui en Europe du Nord et dans la Baltique après avoir engrossé et fait avorter l’une des jeunes filles de la chorale. Il passe ainsi de ville en ville, au gré des églises dotées des meilleurs orgues et à la recherche des plus célèbres tatoueurs?; il devient même un véritable «?accro de l’encre?» dont tout le corps sera recouvert de notes de musique et de cantiques. Alice loge avec Jack chez Mrs Wicksteed, une ancienne de l’école Sainte-Hilda qui, depuis la mort de son mari, aide les filles mères. À l’automne 1969, elle sillonne avec son fils tous les ports de la mer du Nord (Stockholm, Copenhague, Helsinki, Oslo, Amsterdam...) à la recherche du père fugitif, sans jamais pouvoir mettre la main sur lui. Dans sa quête-poursuite, elle prend comme points de repère les tatoueurs et les organistes. Pour  gagner sa vie, elle tatoue des cœurs brisés, des «?roses de Jéricho?» et des serments de fidélité. Ce périple va marquer le petit Jack qui, de retour à Sainte-Hilda, fera sa scolarité au milieu d’un «?océan de filles?»  et sera violé par une femme bien plus âgée que lui. Ayant appris le théâtre, il jouera surtout des rôles de filles (à cause de ses cils très longs) et deviendra un célèbre acteur de Hollywood récompensé par un Oscar. Mais retrouvera-t-il son père qui n’a pas cessé de le hanter??
Je te retrouverai  est un roman si touffu (plus de cent personnages minutieusement décrits y sont présents), si passionnant qu’on a envie qu’il ne s’arrête jamais. Plusieurs thèmes s’y retrouvent?: le problème de la mémoire et de sa véracité, la quête inlassable du père, les troubles de la sexualité, l’omniprésence du tatouage, la connaissance de soi... La recherche faite par John Irving et son souci du détail (à propos de la musique, du métier de tatoueur, de la psychanalyse ou de la psychiatrie) sont remarquables. De tous ses romans, Je te retrouverai est sans doute le plus abouti, mais aussi le plus épuisant?: Irving avoue avoir passé huit heures par jour pendant sept ans à l’écrire?!

 
 
D.R.
 
BIBLIOGRAPHIE
Je te retrouverai de John Irving, Le Seuil, 850 p.
 
2020-04 / NUMÉRO 166