Par Alexandre Najjar
2007 - 03
Il fallait du courage à Marilyne Jallad pour oser aborder, dans un premier roman, la guerre du Liban dans toute sa complexité, à travers une histoire d’amour peu banale. Pari tenu. L’auteur nous offre un récit prenant, où défilent tous les événements qui ont ravagé le pays du Cèdre de 1975 à nos jours, et parvient à donner du relief à ses personnages, à la fois acteurs et spectateurs de la tragédie, sans cesse ballottés entre espoir et désarroi. Le texte, émaillé de passages en italique qui expriment bien les états d’âme de la narratrice, se lit avec facilité et témoigne d’une grande sensibilité. Malgré une fin somme toute bien conventionnelle puisqu’elle s’apparente à ces téléfilms où l’on vote pour choisir le dénouement de l’histoire, L’instant ravageur est le reflet d’une génération perdue qui a vu avec amertume ses illusions s’envoler et une certaine idée du Liban se briser en morceaux. Une génération perdue, mais sauvée par l’amour « qui n’a ni âge, ni frontière, ni religion »…Anouilh avait raison : « Il y a l’amour, et puis il y a la vie, son ennemie. »