Coup de coeur
Monologue des petits riens
Par Fifi ABOU DIB
2009 - 01
Auteur en 2002 d’un récit autobiographique plusieurs fois primé (Le Bonheur bleu, Dar an-Nahar), Lamia-el-Saad revient avec un recueil de petits récits sous forme de charades, interroger le monde à sa manière pleine de fraîcheur. Et parce que l’effeuillage «?est mille fois plus gratifiant que la nudité offerte?», cette jeune historienne a pris le parti, en 76 sujets, de déshabiller le monde, pas trop vite, pas tout de suite, pour le donner à aimer.
Il ne faut pas chercher de thématique, ni de suite logique dans cet ouvrage guidé par la seule fantaisie de l’auteure. On trouvera dans Effeuillages aussi bien un hommage au bas de soie («?j’habille les femmes, et incite les hommes à les déshabiller?»), qu’un monologue de la dent («?je ne suis pas reine mais il m’arrive de porter une couronne?»). S’il faut pourtant trouver une veine commune à ces sujets «?attachants, agaçants, amusants, parfois déroutants?» comme l’indique la 4e de couverture, elle serait dans cette quête incessante des origines qui a sans doute fait de Lamia el-Saad une historienne passionnée de son art. Se glissant tantôt dans la peau d’un bébé à naître («?une petite tape sur les fesses, drôle de manière de me souhaiter la bienvenue?»), et tantôt dans celle d’un téléviseur («?j’ai d’abord vu la vie en noir et blanc?»), l’auteure va chercher dans la première cellule des êtres et des choses le grain d’amour qui les a fait germer. Elle dénonce à l’inverse l’indifférence qui les fait dépérir. Adoptant la devise taoïste «?si tu veux peindre un roseau, laisse-le d’abord pousser en toi?», Lamia el-Saad fait, à rebours, dans ce recueil faussement anodin, œuvre de reconstruction.
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