2007 - 07
Poème à l’étrangère
Chaque jour je pénètre avec elle la chambre d’amour
Je lui dis : du fond des précipices altiers vers toi je suis venu
Du cœur des aveugles ténèbres
Du cœur des cavernes de glace et d’horreur
Portant vers toi mon absence du monde
Afin de la confier à tes genoux
Laisse-la embrasser ta fraternelle absence
Ô bien-aimée,
Ô toi, l’étrangère
Convoque les parcelles de moi dispersées par tous les horizons
À un rendez-vous avec la nudité
Étends-toi, l’orgueil du soleil sur toi se pulvérise
L’infini du ciel se coule dans tes yeux
La majesté de la nuit repose dans ta chevelure
Et le croissant se dessine du sommet de ta tête à la pointe de tes orteils
Soulève-toi, la royauté des cimes s’exalte de tes seins
Bouge, et la mer se balance entre tes flancs
Danse, et les parfums et les fleurs de tes pas naissent
Dis «  j’aime » et l’oiseau chante sur ta bouche
Couvre-moi de tes ailes
Éteins la lampe
Est-ce toi qui me portes ?
Est-ce moi qui te porte ?
Sur ce lit de soieries
Où brusquement monte la folie de l’orage
Repliant les déserts
Et semant les désastres
Épouvantant les loups
Dans les forêts amères
Brisant le vol des aigles
Foudroyant les coupoles
Déchirant les nuages
Dispersant les étoiles
Flétrissant l’air céleste
Ainsi peut-être atteindrai-je
Ce lieu de repos et de neige
Ainsi s’apaisera mon doute
Et mon âme ouvrira ses plages.