Par Adonis
2018 - 12
Ali Ahmad Saïd Esber, dit Adonis, est né en 1930 à Qassabine, en Syrie. Après des études de lettres et de philosophie, il quitte en 1956 Damas pour Beyrouth où il prend la nationalité libanaise en 1962. Cherchant à libérer la poésie arabe du carcan de la tradition et à l’ouvrir aux littératures étrangères, Adonis fonde deux revues : Chʻir, en 1957, avec Youssef al-Khal, et Mawâqif, en 1968, qu’il dirige pendant presque trente ans. En 1985, il s’installe à Paris où il travaille pour l’Unesco comme représentant de la Ligue arabe et prend par la suite la nationalité française. Son œuvre poétique caractérisée par une forte identité historico-politico-mythique traite de thèmes tels que l’exil, la rébellion et l’émancipation, l’injustice, la violence, la langue, le désir et l’imaginaire collectif. Sa poésie est traduite en plusieurs langues et couronnée de prestigieux prix et de distinctions dans de nombreux pays. Également traducteur, critique et artiste plasticien, Adonis est considéré comme l’un des plus grands poètes arabes vivants aujourd’hui.
Amour
*
AmourÂ
ne parle pas, ne nomme pas.
L’humanité, ses choses et ses travaux
Ne sont qu’images du livre des pensées. Prends-moiÂ
Fais-moi voyager dans l’illusion (…).
Fais que ma vie soit un chemin vers nulle part.
*
« Tout amour est souffrance - »
Ou illusion disent ses adeptes.
Je n’aime pas pour m’emparer de quelque chose
Mon amour n’est ni masque ni étendard.
Comme afflue la source
Comme se lève le soleil
J’ai aimé : déferlement sans but.
Mon amour n’est pas illusion
Mon amour n’est pas souffrance.
*
Peut-être
N’y a-t-il pas d’amour sur terre
Que celui que nous imaginons
Rencontrer un jour.
Ne t’arrête pas
Poursuis ta danse amour,
Poursuis ta danse poème
Même si elle est ta propre mort.
*
« Ne me demande pas qui j’étais
D’où je viens
Je t’ai rencontrée – depuis que je t’ai rencontrée,
Extirpé de mes ténèbres, Je suis né ».
Traduits de l’arabe par V. Khoury-Ghata,
I. Makhlouf et H. AbdelouahedÂ