Par Ali Thareb
2018 - 08
Né en 1988 peu après la fin de la guerre Iran-Irak, Ali Thareb a grandi et vit à Babel en Irak. Poète et performer, il fait partie d’un collectif de poètes, la Milice de la Culture. Faragh nase? el-bayad (Un Vide blanc éclatant) est son premier recueil paru en 2015 aux éditions Akad (Londres)?; le second, Sa atazakar annani kalb wa a3adouka ayouha el-3alam (Je me souviendrai que je suis un chien et te mordrai, toi le monde) en 2016 et le troisième Kay la tazhar asabi?i min hiza’2i el-maftouh (So, you will not see through my old shoes) en 2017, tous deux aux éditions Makhtootat (Ryswick, Pays-Bas).
Bilan
Nous conservons nos doigts
non pour les choses ordinaires
mais pour compter
nos amis qui tombent
les heures d’attente
les dettes
nos rêves évanescents
les années qui nous tractent vers la fin
mais aussi toutes les fois où nous échouons
à être des assassins
Météo du jour
Chaque jour
avec son unique bras ma petite sœur
plonge mon linge dans la machine à laver
l’eau qui s’échappe du robinet
libère sa solitude
les vêtements sont pris de vertige
mon sang picote son corps
son sang m’enlace
et tandis que je me faufile vers les racines de la maison
mon visage tombe de la machine
comme une pièce métallique sur le sol de la salle de bain
Photo
De toi nous gardons beaucoup de photos
où tu as l’air mort de rire
sauf la dernière où nous sommes tous ensemble
une photo de la taille d’une main
je pose ma tête dessus et n’arrive pas à la relever
voilà que tu apparais
comme qui cache son ombre dans un trou
et se dresse sur sa vie
me voici assis au sommet de ton corps
le couvrant curieusement
de deux jambes de larmes