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2020-04 / NUMÉRO 166   RÉAGISSEZ / ÉCRIVEZ-NOUS
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Poème d’ici



Par Samira Negrouche
2017 - 06

Poète, dramaturge et auteure d’expression française née à Alger en 1980, Samira Negrouche est également médecin. Elle a publié plusieurs recueils de poésie dont Cabinet secret (Color Gang, 2007), Quand l’amandier refleurira (L’Amandier, 2012) et Six arbres de fortune autour de ma baignoire (Mazette, 2017). Negrouche consacre une partie de son temps à la traduction de la poésie arabe contemporaine vers le français et l’anglais. Elle présente régulièrement des lectures-performances à l’international en collaboration avec des artistes plasticiens, vidéastes ou chanteurs. Sa poésie a été traduite en italien, anglais, espagnol, bulgare et grec.

Café sans sucre

Il y a des pages sans écriture qui vous traversent au bout de la nuit celles qu’un éditeur n’attend pas et qui sont le chemin vers un livre imaginaire que vous regardez s’éloigner à mesure que le temps passe vous préférez penser qu’il est à jamais dans la mémoire morte de l’ordinateur.

J’aime boire le café avec un nuage de crème faux j’aime le café sans rien sans sucre je n’aime que le nuage brumeux de l’aube que je surprends avant le sommeil il se glisse et comble silencieusement les creux des collines j’aime ce filet de crème sur lequel je traverse du sein au téton.

Elle m’a servi une eau douteuse dans un bol couleur de terre elle dit j’ai écrit un roman mais la disquette ne marche plus elle dit regarde mon champ d’oliviers j’ai toujours rêvé d’avoir un verger je descends les trois marches je regarde au loin quelques mauvaises herbes incendiées par le soleil un citronnier bétonné comme un pilier aveugle je dis il est beau ton champ d’oliviers change de marque de disquettes.

 

(…) Rue Didouche Mourad minuit trente-cinq les deux hommes avancent ils disent on va marcher jusqu’au bout jusqu’à devenir petits jusqu’au vingt troisième siècle je dis les poètes sont des fous et heureusement que ces deux-là existent nous iront disent-ils à dos de chameau jusque dans le désert en attendant je dois traduire donner corps à des virages qui me sont empruntés.

 

Extrait de Dans le privilège du soleil et du vent de Samira Negrouche, Le Passe du Vent, 2007. 

 
 
D.R.
 
2020-04 / NUMÉRO 166