Par Muniam Alfaker
2016 - 10
Né à Bagdad en 1953, Muniam Alfaker est un dramaturge, romancier et poète irakien qui vit et travaille au Danemark depuis trente ans. Il quitte l’Irak en 1979 du fait de la dictature et se réfugie au Maroc, puis à Beyrouth où il rédige ses premiers poèmes et travaille comme journaliste. En 1982, suite à l’invasion israélienne, il doit à nouveau partir et s’installe en Syrie. Il y poursuit sa pratique du journalisme et y publie ses deux premiers recueils. En 1986, il arrive à Copenhague en tant que réfugié politique. Le Danemark devient alors son port d’attache après de nombreux exils. Auteur d’une vingtaine d’ouvrages (recueils de poésie, romans, anthologies, pièces de théâtre), il est traduit dans plusieurs langues dont le danois, le français et le norvégien, et a obtenu plusieurs prix littéraires danois.
Salima
Dans le froid
Elle vient avec le feu
Dans la chaleur
Elle vient avec la neige
Dans la tristesse
Elle vient seule
Et dans la joie
Elle vient avec le monde.
La porte
Qui est celui
Debout devant ma porte
Et qui questionne??
Je suis le fabricant des portes
Et de leurs verrous.
Je suis sans porte pour quelqu’un y frapper.
Nul chemin ne mène à moi.
Je suis l’absent.
Qui les a guidés jusqu’à moi??
Famille
Au matin
La tasse de café entre le fromage et les olives
La table se déploie sous leurs mains.
Lorsque le père se prépare à partir
L’enfant demande du chocolat
La mère un bisou
Et le père dit à ce soir.
Au soir
L’enfant est sur le balcon
La mère dans la cuisine
Et le père à la morgue.
La maison
La maison ne sort pas se promener au jardin
Elle ne va pas au cinéma
Mais elle se couche de tout son poids sur mon corps
Et casse quelque chose en mon âme.
(…)
Vous ne ferez pas de ma bouche une prison
Où vivrait à perpétuité
Ma langue.
La mort de nuit
Je projette mon corps
Comme qui tomberait de haut
Et le lit se fend
Pour que je perde la vie.
Tranquillité
Tranquillement
Le vent soulève les rideaux
Et la lumière se faufile…
Tranquillement
Tranquillement
…
…
La tranquillité?:
La conversation des choses.
(…)
Tout leur vacarme
Ne fera pas de toi un mot audible
Je t’ai aimée en silence.
Traduits de l’arabe par Ritta Baddoura