Par Samia Toutounji
2016 - 09
Nous ne dormirons jamais déployés d’amour
comme bêtes d’eau cerclées et soumises
là où l’océan vomit ses cuivres de nostalgie
et le courant ignoré ses vagues d’acier
Nous ne parlerons jamais les vents partent reverdis
une branche muette le tronc pulvérisé
là où tu te défais hanté d’impuissances
entre les treillis des rizières et le temple prostré d’oubli
la haie des heures resserre nos chemins
et tu bois à l’étang des sources de déchirures
tu bois l’épaisse limite
Nous ne dormirons jamais sereins et comblés
une effroyable absence s’accomplit dans les veillées
Ô la berge finale sans éclat ni obstacle
l’effort éperdu et le simple décapité
aujourd’hui les orangers embaument nos couches
l’injustifié épouse la savoureuse absence
l’habit de givre à peine desserré
et quoique tu dises l’émerveillé un jour se réveillera
un œil clair l’autre immérité
dénudant un bonheur ou la douloureuse exactitude
Le temps moule son plâtre aux contours de nos hanches
Une seule fêlure m’accorde de mourir.
1971
© Zeina et Yumna Toutounji