Par Rita Bassil el-Rami
2007 - 05
Docteur ès lettres, Rita Bassil el-Rami a à son actif un recueil de poèmes intitulé Beyrouth ou le masque d’or, Dar An-Nahar, 2003 et de nombreux articles publiés dans la presse arabophone et francophone.
L’eau se brise en éclats
(…) Une femme a oublié sa mémoire dans la foule aux drapeaux rouges vert et blanc
en allant chez le coiffeur
Une femme a oublié son ombre dans un placard en bois de chêne
un vrai
dans un escalier construit pour mener à la cave
des rêves
En faisant monter les enfants dans la voiture pour fuir la guerre
elle est tombée sur elle même quand elle avait huit ans
Pâle toujours pâle…. Est-elle malade ?
 elle ne ressemble pas aux autres
elle a des yeux très noirs quand on entend les obus
elle a des yeux très clairs quand on voit le soleil
Elle fait monter son être quand elle était encore une enfant
elle fait monter elle-même dans cette voiture blanche qui ne la reconnaît pas
mademoiselle « Elle-même » la regarde sans la voir
Ingrate !
(…)Le port a fermé ses portes sur la ville
du bateau elle regarde pour la première fois son lieu de naissance qu’elle n’a jamais quitté.
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Tout le monde peut crever maintenant. Elle est partie. Elle est sauvée.
La ville a bouclé ses portes pour laisser à la flotte le soin de mieux la détruire 
La mer vient sur la plage récupérer ses derniers parfums.
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