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2020-04 / NUMÉRO 166   RÉAGISSEZ / ÉCRIVEZ-NOUS
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Poème d’ici
Ivre


Par Élia Abou Chedid
2008 - 03

Né à Mtayleb en 1934, Élia Abou Chedid est l’un des meilleurs représentants de la poésie dialectale ou populaire libanaise. Il a à son actif une douzaine de recueils en arabe, réunis en un seul volume en 1997, un an avant son décès. Ivre et Faim sont les plus connus de ses poèmes.

Ivre


Ivre !
J’ai abandonné le monde derrière moi
Pour suivre une lueur d’espoir
cachée
Comment arriver ivre
si le chemin est courbe
et ma marche
immobile ?
 
Ivre, éteint, fourbu, fatigué
je marche
et la largeur du chemin ne me suffit pas
Que de fois ai-je appuyé mon épaule contre le mur
et le mur... contre mon épaule !
pour arriver à la porte
tout épuisé

Je me suis accoté un peu
et le peu s’est accoté sur moi
Personne ne m’a ouvert
et personne n’est apparu
à moins que la personne ne soit cachée
et que l’espoir ne soit mort depuis longtemps
 
* * *
 
Ce qui reste de ma foi
Est revenu crier :
Frappe encore !
Et le hasard a ri
Comment l’homme peut-il arriver
si la maison est éteinte
si celui qui s’y rend
est lui-même éteint !

Faim

Affamé je suis, toi seule, reconnais ma faim,
Assoiffé, je suis, et tes pleurs se mêlent aux miens,
Nous finirons, Bien-aimée, dans la nuit des nuits,
Par disparaître, sans réveil et sans bruit.

Ta chevelure autour de ma nuque, brassée,
Et parjure, je deviens, par tes lèvres, embrassé,
Et ta taille, par mes sombres bras, enlacée,
Et tes côtes, sur mes côtes… brisées.

 
 
D.R.
 
2020-04 / NUMÉRO 166