FEUILLETER UN AUTRE NUMÉRO
Mois
Année

2020-04 / NUMÉRO 166   RÉAGISSEZ / ÉCRIVEZ-NOUS
CHERCHER SUR LE SITE
 
ILS / ELLES
 
LIVRES
 
IMAGES
 
Au fil des jours...
 
Poème d’ici
D’où es-tu ?…
Née à Lattaquié en 1962, Maram el-Masri vit à Paris depuis 1982, Son œuvre, traduite en huit langues, a été récompensée par plusieurs prix littéraires, dont le prix Antonio Viccario 2013 qui distingue un poète habitant un continent différent. Ses poèmes, Le temps des Cerises et Al-Manar ont été publiés notamment aux éditions Bruno Doucey. Les poèmes ci-dessous, extraits du recueil Elle va nue la liberté (Bruno Doucey, 2013), ont été traduits de l’arabe vers le français par l’auteure qui, par ailleurs, vient de publier une anthologie de la poésie syrienne contemporaine intitulée L’amour au temps de l’insurrection et de la guerre (éd. Le Temps des Cerises).

Par Maram el-Masri
2015 - 02
D’où es-tu ?…

D’où es-tu ?
De Syrie.
De quelle ville en Syrie ?
Je suis née à Dara. J’ai grandi à Homs. Je me suis épanouie à Lattaquié. J’ai rajeuni à Banias. J’ai fleuri à Jesr Alshoghor. J’ai brûlé à Hama. Je suis entrée en éruption pour Edleb. J’ai tonné à Déralzur et j’ai été éclair à Qamishli ?
Et massacrée à Daraya.

Qui es-tu ?
Je suis celle qui leur fait peur 
je suis celle qu’on emprisonne
je suis celle qu’on brûle
je suis celle qu’on tue.

C’est moi…
qui fais fleurir les arbres du cœur
quand je passe
qui fais tomber les montagnes de leur hauteur
qui fais revenir l’histoire sur ses pas
et qui colore la terre de mon soleil.

C’est moi…
celle qui crie à la face du dictateur.
Celle qui vit seulement dans les esprits nobles
celle que connaissent seulement les cœurs des héros
celle qui ne marchande pas et qui n’est pas à vendre.

Je suis le pain de la vie et son lait
mon nom est

Liberté.

* * * * *

Les enfants de Syrie…

Les enfants de Syrie,
Emmaillotés dans leurs linceuls
Comme des bonbons enveloppés.
Mais ils ne sont pas en sucre.
Ils sont de chair
Et de rêves
Et d’amour.

Les rues vous attendent,
Les jardins, les écoles et les fêtes
Vous attendent, 
Enfants de Syrie.

C’est trop tôt pour être des oiseaux
Et pour jouer 
Dans le ciel.
 
 
D.R.
 
2020-04 / NUMÉRO 166