Par Jawdat Fakhreddine
2014 - 05
Le poète libanais Jawdat Fakhreddine vient de recevoir, pour son recueil Trente poèmes pour les enfants (2013), le prix du cheikh Zayed pour la littérature d’enfance et de jeunesse (Il avait été décerné, il y a deux ans à Abdo Wazen). L’auteur a été particulièrement loué « pour la simplicité de sa langue et la beauté de ses rythmes dont l’effet est un sentiment humain œuvrant à la sérénité de l’âme et à la pureté de la nature ».
Aller à l’enfance n’est pas, pour le poète, diluer sa poésie ou la simplifier mais, au contraire, lui faire retrouver sa pure essence d’émerveillement simple et de sens ludique des choses. Elle est l’occasion de faire éclater l’acceptation du monde et les noces de sa rencontre avec l’être humain. « Sinon l'enfance, qu'y avait-il alors qu'il n'y a plus ? », écrivait Saint-John Perse. Et c’est un pur bonheur de voir le poète de la hauteur Jawdat Fakhreddine si bien communier avec les enfants.
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Voisins
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« Au voisin vouons culte ! »
Dit la sagesse adulte.
Mais loin notre maison
Solitaire sur le mont
Dans un humble village
Aux splendides paysages.
Nos voisins ? Les oiseaux
Les fleurs et le ruisseau
Poisson
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Comme est triste ce poisson
Pris dans les mailles du filet !
Le pêcheur est bien aise,
Ses gestes notant malaise.
Mais la mer garde son calmeÂ
Avec ses vagues retenues
Son secret profond
Ses remous légers.
Le zéro
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Il ne vaut rien quand il est unique
Mais les chiffres en ont tous besoin
Pour former dizaines et dizaines
Et, doublé, centaines et centaines
Et, multiplié, croître sans limites.
Le zéro, ce chiffre magique,
Que ressent-il, unique ?Â