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2020-04 / NUMÉRO 166   RÉAGISSEZ / ÉCRIVEZ-NOUS
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Poème d’ici



Par Aïcha Arnaout
2013 - 05

Née à Damas le 13 octobre 1946, Aïcha Arnaout vit à Paris depuis 1978. La poète syrienne écrit en arabe et en français, et son œuvre poétique, publiée en Syrie, au Liban et en France, est traduite dans une dizaine de langues. L’écriture de Aïcha Arnaout explore les résonances entre intériorité et cosmos, de là découle sa singularité nimbée de pudeur, de bizarre et de mystère. Fragments d’eau et La Fontaine (avec Alain Gorius) ont paru chez al-Manar en 2003 et 2009.

*

Assise en lotus sur l’eau

les marées de mon sang

s’arrêtent 

mon Maître me dit :

rentre chez toi par ton nombril 

assise dans la forêt

je deviens bois

« le vent ne change pas de direction »

 

*

Du temps

il ne reste à voir qu’un seul cheval

un cheval au galop

Tu oublies le visage

j’oublie le bois

et ne reste qu’un seul cheval

un cheval au galop

 

*

Tu avais à peine huit ans 

tu as mis ta couronne

une peau de gazelle

parchemin de ton carré magique

l’huile sacrée coulait

sur tes joues, tes tempes

mêlée au safran

depuis le temps des eaux

tu voulais disparaître

tout en étant présent

ta mère lavait nos gants

tu te croyais invisible

tu voulais nous surprendre

elle t’a regardé

t’a souri

puis

c’est elle qui a disparu

en nous laissant ses doigts

dans le tiroir des merveilles. 

 

*

Tes plantes de pied brûlées

Entre deux infinis

Et tu n’es qu’à mi-chemin

Vers ce blanc vertige

 

Les dunes migratrices

Attisent les distances

Froissent les temps

 

Ne restera de toi

Qu’une ombre sans pas

Dans l’assonance des abîmes

 

Qu’un regard compacté

Dans la chair des mots

 

*

Plantée en toi

et ne puis être cueillie

Les noces de l’eau sont parcimonieuses. 

 
 
D.R.
 
2020-04 / NUMÉRO 166