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2020-04 / NUMÉRO 166   RÉAGISSEZ / ÉCRIVEZ-NOUS
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Poème d’ici

Monzer Masri est un poète et peintre syrien né en 1949 à Lattaquié où il réside. Il est l’auteur d’une dizaine de recueils parus essentiellement chez Riad el-Rayyes à Beyrouth. Sa poésie faite d’instantanés a toujours privilégié un ton simple et sincère, attentif aux choses du quotidien au détriment des conventions littéraires de son époque. Les gens de la côte est  paru en français aux éditions Alidadès en 2005.

Par Monzer Masri
2013 - 02
Sa sœur l’Affection
(À Maram)

Il a passé sa vie
dans des guerres sans fin
entre sa mère l’Instinct
et son père la Raison

Mais à l’heure de mourir
Ils furent surpris lorsqu’il leur avoua 
que ce qui l’avait tué
était sa sœur l’Affection.
Traduit de l’arabe par Ritta Baddoura


Au café le matin, au café le soir

Le matin
entre dix et une heure
tu seras,
pour qui veut te voir,
à ta place habituelle
au café du trottoir est
suivant du regard
les morts
qui passent
Et le soir
entre cinq et neuf heures
tu seras,
pour qui veut te voir,
air détaché,
écrasé
à ta place habituelle
au café du trottoir ouest
mire du regard
des vivants
qui passent.


Navire égaré, rivage abandonné

Étais-tu navire égaré
et moi rivage abandonné ?
Étais-je navire égaré
et toi rivage abandonné ?
Ou étions-nous tous deux
navires égarés
qui se croisèrent au large
d’une mer sans rivage ?
Aujourd’hui,
vagues giflant mon visage
et le giflant encore,
jamais plus
– je le sais –
rencontre n’adviendra
car nous sommes seulement
nous sommes depuis toujours
deux rivages
abandonnés.
Traduits de l’arabe par Claude Krul
 
 
D.R.
 
2020-04 / NUMÉRO 166