Par Tahar Bekri
2010 - 12
Poète né en 1951 à Gabès, en Tunisie, Tahar Bekri écrit en français et en arabe. Il vit à Paris depuis 1976 et a publié une vingtaine d’ouvrages (poésie, essais, livres d’art). Son œuvre poétique, marquée par l’exil et l’errance,  se veut parole sans frontières. Elle est traduite dans diverses langues et fait l’objet de travaux universitaires. Il est considéré par la critique comme l’une des voix importantes du Maghreb. Ses dernières publications sont Salam Gaza, éd. Elyzad, Tunis, 2010 ; Les dits du fleuve, éd. Al Manar, Neuilly, 2009 ; Le Livre du souvenir, Elyzad, 2007 ; Si la musique doit mourir, Al Manar, 2006.
Je te nomme Tunisie
J’emportais tes stèles
De hautes pierres
Dans la vastitude des vallées
Où le coquelicot a élu domicile
S’alliant aux meilleures prairies
Les colonnes debout en dépit des tyrannies
Tous ces conquérants réduits en ruines
L’eucalyptus témoin des défis
Avais-je tes mimosas ou tes asphodèles
Comme compagnons de fortune
Pour dire aux épines
La blessure relève
Du lutteur décidé
Non de la faiblesse des collines
Palmeraies
Steppes oueds lacs et vous
Forêts de chêne-liège
Je vous réunis sur les murailles de la ville
Où sentinelle
Sans tour de guet
Je reconnais vos feux
Un à un
Ils m’apportent la flamme
Des vents lavés de citronniers
Leurs courses alourdies
Par les départs immobiles
Cette douce mélancolie
Aux aguets de la moindre nouvelle
Emportée comme gibecière
À l’épaule du chasseur qui se retire