Par Fady Noun
2010 - 07
L’attaque israélienne contre la flottille qui transportait des vivres pour Gaza a ému le monde entier, dont l’écrivain suédois Henning Mankell qui se trouvait à bord d’un des navires. Poète et journaliste libanais, Fady Noun est l’auteur d’un poème émouvant (2008) sur cette terre qui n’en finit pas de souffrir.
Gaza
Le canon s’est tu, nous respirons,
Nos douleurs, comme des ballons,
Voltigent devant nos pas.
Nous les envoyons agir, déminer le terrain.
Nos douleurs, dans la nuit,
Où nous avançons à tâtons.
Que ferons-nous demain ?
Où irons-nous porter ces enfants disloqués,
Ces enfants aux yeux soudés – qui pardonneront,
Quand nous n’aurons pas pardonné ?
Gaza meurt Jérusalem, étrangère à ta paix !
Jérusalem, Jérusalem, est-ce toi qui pris l’épée ?
Ballons de douleur,
Voltigez devant nous,
Faites bien vos choix, voyez à qui,
Nous sourirons de nouveau.
Dans la nuit aux geysers de mort, de lumière,
Voyez s’il y a, à consoler, une mère.
Et s’il y a, effondré sur les ruines de sa vie,
Un homme qui n’a plus de morts à pleurer.
* * * * *
Étendards de la vie, flottez sur ces ruines.
Faites comprendre au monde sa défaite.
Faites-lui savoir son déshonneur.
Sur Gaza flottent des ballons de nos douleurs
Tranquillement, au vent des orangeraies.
Au vent odorant de Gaza, nos douleurs d’hommes libres.