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2020-04 / NUMÉRO 166   RÉAGISSEZ / ÉCRIVEZ-NOUS
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Poème d’ici
Sabah Zouein


Par Antoine BOULAD
2009 - 07
Les poèmes de Sabah Zouein sont imprimés d’un mouvement en spirale, à l’intérieur de chacun d’eux et dans leur agencement entre eux. La particularité de la spirale est qu’elle est certes circulaire, mais avec cependant une voie de sortie par le haut : un mouvement de la nuit vers la lumière, du vide vers le soleil et du mot vers la lettre.

Le mot n’est que la béance de la nuit
Trou de l’œil dans le vide de la nuit
Dans le blanc du vide
Ou la blancheur évidée
Lorsque l’œil regarde, lui, les ombres de la maison
La maison sur la rive d’un soleil
Ou la rive de lumière dans plus d’une lettre.


Mais la poésie de Celle-là qui est également oscillatoire : à y regarder de plus près, elle hésite entre le cercle et la porte de sortie, entre l’éternel retour et la création sur la page blanche, entre la mort et la vie de celle dont le corps est encore « inachevé » car rien ne semble exister hors de la chair des mots, hors du langage, hors des lettres menacées d’effritement.

Sauf que j’ai craint pour les lieux de disparaître
Parce que la lettre parut s’effriter.


C’est que ces mouvements procèdent d’images obsédantes dont la répétition crée un monde à la frontière de l’onirique, de l’existence duquel on n’a jamais de certitude : la jeune fille qui grimpe aux arbres et sur les rochers blancs et qui ne meurt point ; la jeune fille qui passe près du fleuve, qui passe près de la mort, du blé et des oiseaux du ciel ; celle-là à qui, dans la ville étrangère, parviennent les nouvelles lointaines de la mort et dont les douleurs souillent le ciel rouge…

Ce qui rend la poésie de Sabah Zouein universelle, c’est le lien organique des mots et du corps, de la langue et de l’être, de l’univers et du poète.  

Tu es essoufflée à la tombée du jour
Et le soleil tombe
Entre tes paumes
Et tu tombes au plus bas de ton être.


Plus que tout autre poète, d’un recueil à l’autre, d’un poème à l’autre, Sabah Zouein semble dérouler à l’infini le même poème. Ce recueil ne fait pas exception parce qu’il ne s’agit que de poésie.

Antoine BOULAD
 
 
D.R.
 
BIBLIOGRAPHIE
Celle-là qui, ou bleue au cœur de la ville de Sabah Zouein, Dar Nelson, 2009, 153 p.
 
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