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2020-04 / NUMÉRO 166   RÉAGISSEZ / ÉCRIVEZ-NOUS
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Par Farès Sassine
2012 - 10
L’exposition ne disparaîtrait-elle pas sans un livre qui l’accompagne, l’éclaire et la prolonge?? Le livre ne serait-il pas, en dépit de maints attraits sensuels, du seul ressort du savoir et de la mémoire?? Et puis la nostalgie n’est-elle pas inculte à l’heure où sens et réalités, au Liban et en ses Arabies, restent loin du port d’attache et qu’un effort de pensée et de communication s’impose pour interroger l’actualité et tenter de la remettre sur les rails?

C’est au point nodal de ces trois interrogations que l’événement Zaman an-Nadwa 1946-1975 tente de réinvestir culturellement le cœur de Beyrouth, ce qu’on nomme platement aujourd’hui le centre-ville. Histoire richement illustrée de photos d’époque du Cénacle libanais dont le maître d’œuvre fut Michel Asmar (1914 -1984) et qui régenta une bonne part de la vie culturelle du pays de l’indépendance à la guerre, le livre scrute ce que la conférence, activité majeure de l’institution, a de propre et de singulier, se penche sur son public, tente de donner corps à ses 413 conférenciers, prend le risque d’intégrer en un message unique, une sorte de lettre posthume, ce que les preneurs de parole, en leur extrême diversité d’opinions et de professions, ont essayé de dire ou projeté de faire… Cette histoire propre à l’institution, les auteurs l’inscrivent en son époque et en son milieu urbain. Nous assistons ainsi par pans successifs aux mutations sociales, architecturales, intellectuelles, artistiques… de ce qui peut être considéré comme des décades prestigieuses et annonciatrices d’orages de l’histoire libanaise. Des clefs magiques, textuelles ou iconographiques, sont enfin là pour multiplier les clins d’œil, ouvrir des cheminements et assurer des partances.

Il serait sans doute faux de dire que le livre fut totalement conçu en dehors de sa réalisation éditoriale. Mais celle-ci est venue le magnifier et l’élever au rang de belle composition. La scénographie, exploitant l’esthétisme inhérent aux pages, réussit à déployer le livre et à en faire autre chose, une véritable féérie où on passe émerveillé entre les panneaux.

Retour amont au point de départ de la Nadwa dont les premières conférences furent données dans une salle de l’ALBA alors sise dans le couvent aujourd’hui détruit des lazaristes et remplacé dès les années 1950 par le digne immeuble jaune, l’exposition cherche par son aspect festif à affirmer la force de la vie et son perpétuel renouvellement. Tournée vers le passé et la mémoire, elle cherche par son programme de débats à mieux rendre les Libanais maîtres, sinon de leur avenir, du moins de leurs problèmes.
 
 
Les années Cénacle
 
L’exposition Zaman an-Nadwa (Les années Cénacle) 1946-1975 à la cour de l’immeuble Lazarieh, rue de l’émir Bachir, inaugurée le 27 septembre (avec lectures de textes par Roger Assaf), se prolonge jusqu’au 19 octobre.
Conférences sur les lieux en arabe à 19 heures les vendredis?: 
l le 28 septembre, Milad Doueihi traite du numérique «?nouvelle façon de faire la société?»?; 
l le 5 octobre, les auteurs du livre parlent du projet et de sa réalisation?; 
l le 12, Jad Tabet configure les «?Images de la ville à l’ère de la postglobalisation?»?; 
l le 19, Ibrahim Fadlallah, Ziad Baroud et Talal Husseini débattent de l’État de droit.

Le livre (en langue arabe) est dirigé par Renée Herbouze et Farès Sassine, conçu et réalisé par Saad Kiwan. La scénographie de l’exposition est de Jean-Louis Mainguy.  
 
 
© Tala Safie
 
2020-04 / NUMÉRO 166