FEUILLETER UN AUTRE NUMÉRO
Mois
Année

2020-04 / NUMÉRO 166   RÉAGISSEZ / ÉCRIVEZ-NOUS
CHERCHER SUR LE SITE
 
ILS / ELLES
 
LIVRES
 
IMAGES
 
Au fil des jours...
 
Hommage
La mort de Julien Gracq


Par Georgia MAKHLOUF
2008 - 01
Julien Gracq, de son vrai nom Louis Poirier, est décédé le 22 décembre à l’âge de 97 ans dans son village natal de Saint-Florent-le Vieil. Toute sa vie, Gracq a fréquenté les livres plus que les gens. Enfant, il découvre Jules Verne qu’il ne cessera d’admirer, puis Poe, Stendhal, Chateaubriand, Balzac, Nerval, Saint-John Perse, Ponge, Jünger dont il deviendra l’ami, ou Breton auquel il consacrera un essai qui fera date. Dès la publication en 1937 du Château d’Argol, il acquiert une réputation d’écrivain exigeant et secret. Il publie en 1950 La littérature à l’estomac, violent pamphlet qui dénonce une « crise du jugement littéraire » et, pour rester cohérent avec lui-même, refuse un an plus tard le prix Goncourt qu’on lui décerne pour Le Rivage des Syrtes. Agrégé de géographie, Gracq est également « un immense paysagiste » pour reprendre l’expression de Michel Tournier. Routes, cartes, fleuves, reliefs, frontières et forêts sont la matière qu’il retravaille sans cesse et qui nourrit ses livres comme La forme d’une ville, Autour des sept collines ou Un beau ténébreux. Auteur de 19 ouvrages nourris de romantisme allemand, de fantastique et de surréalisme, publiés chez José Corti, il était poète dans Liberté grande (1947), critique dans Préférences (1967), Lettrines I (1967), Lettrines II (1974) ou En lisant en écrivant (1980), nouvelliste dans La presqu'île (1970) et romancier dans Un beau ténébreux (1945) ou Un balcon en forêt (1958). Il  est difficile de résumer l’immense œuvre de Gracq, l’un des rares écrivains à entrer de son vivant dans La Pléiade, tant il est vrai que dans chacun de ses ouvrages, il s’attache moins à conter une histoire qu’à construire un univers envoûtant et singulier. Et même s’il affirmait lui-même tout ignorer des « voies et moyens de promotion modernes qui font prospérer les ouvrages de belles-lettres », ses livres sont d’une beauté dont il faut se nourrir de toute urgence.

 
 
© Maurice Rougemont / Opale
 
2020-04 / NUMÉRO 166