S’il fallait retenir une seule image du Dr Khalil Sayegh, ce serait celle d’un homme qui a cultivé deux grandes passions : celle du livre bien édité et celle des œuvres d’art, notamment des pièces d’antiquité qu’il collectionnait avec vénération. À ses proches collaborateurs il disait, non sans humour : « Prenez garde de trahir ma mémoire en arrêtant d’éditer ! » L’édition répondait chez lui à de multiples desseins dont celui, primordial, de voir un manuscrit devenir un ouvrage dans une bibliothèque et entre les mains du lecteur ou de l’étudiant. La notoriété des publications de la Librairie du Liban a rapidement dépassé les frontières de notre pays, voire du monde arabe ! Avec une intuition infaillible, Khalil Sayegh réussissait à sélectionner et à trier les œuvres dignes d’être éditées par sa maison d’édition fondée, agrandie et rendue prospère grâce à sa persévérance exemplaire et au soutien de ses proches. Comment, dès lors, ne pas lui rendre hommage pour toutes ses contributions à l’essor de la culture au Liban et dans le monde arabe, et au culte du livre édité et relié avec art et finesse ? Comment ne pas le remercier pour tous les encouragements qu’il a su prodiguer aux auteurs, aux chercheurs et aux traducteurs ? Il est toujours douloureux et regrettable de perdre un mécène d’une telle trempe car il est irremplaçable. Mais Khalil Sayegh sera toujours présent à travers l’œuvre de sa vie : la Librairie du Liban.