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2020-04 / NUMÉRO 166   RÉAGISSEZ / ÉCRIVEZ-NOUS
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Cinéma
60e Festival de Cannes : Les écrivains font aussi leur cinéma


Par Nathalie SIX
2007 - 06
Qui a dit que les écrivains n’aimaient pas les paillettes et le glamour ? À voir le sourire d’Orhan Pamuk ou à suivre les discussions sans fin de Jean-Marie Gustave Le Clézio sur la Croisette, on comprend que le 7e art n’a pas fini de séduire les romanciers : le premier était l’un des neuf membres du jury officiel et le second faisait partie du jury de la Cinéfondation et des courts métrages. La réciproque est aussi vraie : régulièrement, le cinéma vient piocher dans les classiques de la littérature. Cette année, sur 22 films en compétition officielle, 6 étaient des adaptations littéraires : Le scaphandre et le papillon de Jean-Dominique Bauby, réalisé par Julian Schnabel, prix de la mise en scène ;  Une vieille maîtresse, l’œuvre de Barbey d’Aurevilly, portée à l’écran par la sulfureuse Catherine Breillat ;  L’homme de Londres de Georges Simenon, adapté par le cinéaste hongrois Bela Tarr ;  No country for old men de Cormac McCarthy (paru aux éditions de l’Olivier), adapté par les frères Coen ; Zodiac du journaliste Robert Graysmith (paru aux éditions du Rocher), adapté par l’Américain David Fincher ; et, bien sûr, Persepolis de Marjane Satrapi, transposition en film d’animation de la fameuse bande dessinée, qui a raflé le prix du jury (ex aequo avec Lumière silencieuse du Mexicain Carlos Reygadas). « J’ai préféré la forme du dessin animé par souci d’universalité, nous a confié Marjane. Dans un film, il aurait fallu choisir des acteurs et leur nationalité, par exemple, aurait entraîné des commentaires et une identification mal venue. Je voulais, avant toute chose, que chacun, quelles que soient ses origines, puisse s’identifier au personnage principal. C’est d’abord un film humaniste sur l’amour, l’amitié, la famille, avec un arrière-plan politique… ».  Le président du festival, Gilles Jacob, symbolise bien cette osmose entre littérature et  cinéma. Ancien critique à Cinéma 64, puis à L’Express, il préface le livre de JMG Le Clézio, Ballaciner (Gallimard), une ballade sentimentale sur les salles qui ont marqué l’enfance de l’écrivain. « Le Clézio a un style magnifique, nous a-t-il déclaré. Ses descriptions sont très évocatrices, pleines de poésie. Je suis sûr qu’un jour, il finira par signer un scénario ! » En attendant, Le Clézio s’interroge : « Pourquoi le film plutôt que le livre ? Les arguments en faveur du cinéma sont a contrario un éloge de la littérature, dans ce qu’elle a de réservé et de subtil. » Sur le tapis rouge, les lettres n’ont pas fini de briller d’un éclat tout particulier.
 
 
 
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