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2020-04 / NUMÉRO 166   RÉAGISSEZ / ÉCRIVEZ-NOUS
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Le clin d'Å“il de Nada Nassar-Chaoul
Du progrès je vous dis !


2017 - 06
Vous n’y comprenez plus rien. Dans votre enfance, la baignoire familiale – dite bagno par feu votre cher papa qui adorait prononcer des mots à l’italienne – comprenait deux gros robinets tout ronds : un rouge à droite pour l’eau chaude et un bleu à gauche pour l’eau froide. Logique. Au beau milieu, une manette toute simple permettait de régler l’eau à votre gré et de prendre de bons bains chauds tout douillets.

Aujourd’hui, vous êtes prise d’angoisse à chaque voyage à l’idée d’entrer dans une nouvelle chambre d’hôtel. Car votre fils, un bobo branché, pardon un hipster, insiste pour vous réserver dans des concept ou boutique hotels – vous n’avez jamais compris ce que cela voulait dire au juste – des plus étranges. Non seulement, vous êtes accueillie à l’entrée par une sculpture cauchemardesque en baudruche, façon Jeff Koons tourmenté, non seulement il vous faut traîner vos valises sur trois étages, les ascenseurs trop ringards étant réservés aux hospices de vieillards, mais la brochure de l’hôtel vous annonce « des chambres décorées dans des styles différents dont certaines avec baignoires îlots ».

Vous préférez ne pas savoir ce qu’est une « baignoire îlot ». Allez-vous trôner dans le plus simple appareil au milieu de la chambre ? Ou faire des châteaux de sable sur la moquette ? Fallait-il vous munir de provisions pour survivre, seule, sur votre îlot ?

Une chose est sûre : seul un ingénieur de la NASA pourrait faire fonctionner la douche, munie d’autant de manettes qu’un vaisseau spatial. Résultat prévisible : au premier geste, un jet glacé vous tombe sur la tête, mettant à plat la savante coiffure que votre fidèle figaro libanais a mis des heures à élaborer.

Vous êtes aussi effondrée que vos cheveux. Mais vous trouvez encore la force d’assurer à votre cher fiston, d’une voix faussement enthousiaste, que l’hôtel est génial.

Merci mon chéri !
 
 
D.R.
 
2020-04 / NUMÉRO 166