On se croirait dans un film américain nostalgie. Il ne manquait plus que la banderole et les ballons à l’effigie de la promo 80’. Parce que les blondes empâtées et quelque peu défraîchies, elles, étaient au rendez-vous. Sans compter les hommes chauves et ventrus qui furent jadis les tombeurs de votre promo. 

À chaque nouveau/nouvelle venu(e), on piaille et on s’esclaffe comme des potaches. Des femmes excitées vous serrent furieusement dans leurs bras, que vous faites semblant de reconnaître. Un monsieur aujourd’hui important qui se pavane souvent à la télé rappelle ses hauts faits à la Faculté. Et que je t’obtienne un 18/20 par-ci et que je t’épate le prof par-là. Vous vous creusez la cervelle. Tout ce dont vous vous rappelez, c’est d’un être terne et falot qui balbutiait des réponses inintelligibles à la moindre question posée.

Même votre amoureux transi est là. Assis dans un coin, toujours aussi timide et extasié de vous voir. Vision éminemment réconfortante. Pour le récompenser de sa fidélité, vous lui faites un grand sourire. Il est aux anges. 

Les chahuteurs font table à part. Avec de grands rires et des bourrades viriles, ils rappellent la fois où ils ont étalé un mezzé sur les pupitres durant le cours de finances et trinqué à la santé du malheureux prof qui n’en menait pas large. Il faut dire qu’on était en période de guerre et que les étudiants venaient parfois au cours en treillis.

Quant à la brune fatale de la promo, elle est encore étonnamment séduisante dans sa robe fendue dans le dos et distribue des sourires charmeurs à la ronde, entourée d’hommes bavant sur son décolleté, comme au bon vieux temps.

Lorsque l’organisateur de la soirée veut prendre la parole, il est interrompu par les clameurs des chahuteurs.

On se croirait en classe.