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2020-04 / NUMÉRO 166   RÉAGISSEZ / ÉCRIVEZ-NOUS
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Le clin d'Å“il de Nada Nassar-Chaoul
Top Model


2015 - 04
Dans le temps, en tant que «?jeune fille de bonne famille?», on recevait des prétendants. Si, si. Il se trouvait toujours un évêque ami de la famille ou un voisin introduit dans les hautes sphères pour rendre une visite «?innocente?» à vos parents, flanqué d’un jeune homme bien-sous-tous-rapports (comprendre au portefeuille bien garni) désireux de se caser avec une demoiselle douce et pure.

Dans ces cas, les consignes de votre maman étaient formelles?: non seulement il fallait offrir les boissons fraîches avec grâce et modestie et sourire gentiment à la maman revêche du jeune homme qui vous examinait en douce, mais encore il fallait à tout prix avoir bonne mine, gage pour la belle-famille virtuelle de gros bébés bien vigoureux. Pour cela, on vous revêtait invariablement d’une robe rose bien repassée et on s’assurait que vos bas bien tirés n’étaient pas filés. On vous recommandait aussi une touche de blush pêche sur les joues et un soupçon de gloss naturel sur les lèvres. Quant à vos cheveux, ils se devaient d’être bien sûr propres, bien brillants, lisses et maintenus par une jolie barrette. Les rondeurs, heureux temps, étant plutôt bien vues, au moment de présenter les desserts sur l’invariable table roulante, il fallait manger les gâteaux de bon appétit pour montrer qu’on était en bonne santé. Et sourire, toujours sourire gentiment quelle que soit la question qu’on vous posait.

Hélas?! Ces temps sont bien révolus. Aujourd’hui, lorsque vous feuilletez les magazines de mode, vous vous demandez ce que votre maman aurait pensé de ces mannequins anorexiques qu’on dirait échappées d’un pénitencier. C’est que le look «?fuyarde?» est très tendance. D’une maigreur effarante, ces filles courent pieds nus sur le gravier, avec l’air d’avoir la police à leurs trousses. Avec leurs yeux cernés de cercles charbonneux, leur teint livide et leur frange à l’air sale qui leur tombe sur les yeux, elles ont l’air malades à en mourir. Sans compter qu’elles boudent en permanence, arborant au mieux un air maussade, au pire, un masque tragique.

Vous avez même vu dans la dernière campagne d’un grand couturier que vous ne nommerez pas, des mannequins porter avec le plus grand naturel un tailleur divin avec des bas-résille déchirés. Parfaitement, déchirés et grossièrement reprisés aussi. Votre pauvre maman en serait morte de honte.

Vous vous consolez en vous disant que vous allez désormais faire des économies sur les bas.

Vive la mode?!
 
 
 
2020-04 / NUMÉRO 166