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2020-04 / NUMÉRO 166   RÉAGISSEZ / ÉCRIVEZ-NOUS
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Le Liban d'avant


Par G.M.
2010 - 07
Abdallah Naaman aime à se définir à partir de deux données essentielles : son appartenance à une famille d’intellectuels, et sa « navigation » permanente entre les deux rives de la Méditerranée et les deux langues dans lesquelles il se plaît à écrire, le français et l’arabe. Il a déjà une vingtaine d’ouvrages à son actif, mais À tire d’ailes qui vient de paraître est son premier recueil de nouvelles en français. « À la vérité, nous confie-t-il, ces textes sont dans mon ordinateur depuis cinq ans, mais d'autres projets éditoriaux, notamment Histoire des Orientaux de France (Ellipse), en ont retardé la parution jusqu’à maintenant. » Ces textes se présentent comme des nouvelles, mais on a le sentiment que la « tentation documentaire » tenaille l’auteur en permanence et qu’il prend plaisir à y introduire des développements historiques fréquents. Il l’admet volontiers et explique que c’est en raison de cette dimension érudite qu’il a demandé que le sous-titre porte la mention « Nouvelles et autres textes ».

Le lecteur s’interroge donc à juste titre sur la part de fiction que ces récits comportent. À quoi Naaman répond que « tout est vrai ou presque ». Il n’a fait que rapporter ce que « ses complices » lui ont confié ou ce qu’il a personnellement vu. Le « presque » étant la place laissée au style et à la liberté de faire jouer son imagination. On aurait voulu que cette place soit plus grande, car si on s’amuse volontiers de certains détails historiques savoureux (quand il nous apprend par exemple que les immeubles de la capitale où s’exerçait le plus vieux métier du monde étaient la propriété des waqfs des différentes communautés), on perd un peu le fil narratif quand ils occupent trop de place.

« En somme, dit Naaman, j’ai voulu évoquer, notamment pour les nouvelles qui ont pour cadre le Liban, la fin d’une période, une nostalgie des lieux, des odeurs et des valeurs, un pays du Cèdre bon enfant qui n’est plus, un Liban qui se fait autrement, avec sans doute moins de chaleur humaine et de générosité montagnarde. C’est une mue qui plaît aux uns et que d’autres regrettent déjà. Mais il convient de ne pas insulter l’avenir. »

Ces textes seraient donc comme une invitation à parcourir ce Liban disparu en compagnie d’un conteur.

 
 
 
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